Le Brésil sous le choc après la diffusion d'une vidéo de violences conjugales devenue virale
VIOLENCE CONJUGALE•Les images de vidéosurveillance d'un homme qui bat son épouse peu avant son décès font scandale au Brésil, et suscitent un débat national sur les violences conjugales...A.O
Les faits datent du 22 juillet mais n’ont été diffusés à la télévision brésilienne qu’à partir du dimanche 5 août. Depuis, les vidéos tournent en boucle au Brésil, mais aussi dans le monde, par le biais des réseaux sociaux.
Les images de vidéosurveillance montrent clairement Luís Felipe Manvailer, un biologiste de 32 ans, rouer de coups à plusieurs reprises sa femme Tatiane Spitzner, une avocate de 29 ans, épousée cinq ans plus tôt.
Violences répétées et chute mortelle
Les premières secondes montrent le trentenaire en train de frapper sa compagne dans la voiture, au niveau d’une rue de Guarapuava, une ville située au sud du Brésil. Une fois arrivés dans le parking de leur immeuble, il la poursuit et la mène ensuite sous la contrainte dans l’ascenseur, alors qu’elle tente de lui échapper. Là, il la frappe de nouveau et la pousse violemment contre la paroi.
Vingt minutes plus tard, la jeune femme aurait fait une chute mortelle du balcon de l’appartement situé au quatrième étage. Si Luís Felipe Manvailer a nié toute implication dans ce décès et a assuré que son ex-compagne s’était suicidée, les images de vidéosurveillance le montrent en train de récupérer le corps de la jeune femme dans la rue pour le ramener chez eux, puis se changer et tenter de s’enfuir avant l’arrivée des forces de l’ordre.
Un hashtag viral contre les violences faites aux femmes
Au Brésil, l’affaire a relancé le débat sur les violences faites aux femmes, et amené les citoyens à s’interroger sur la nécessité d’agir lorsqu’ils sont témoins de telles scènes. « La vidéo montre juste les niveaux de violence que nous avons documenté. Le Brésil doit apprendre que la plupart de ces affaires peuvent être évitées. Il est très rare qu’un meurtre soit le premier cas de violence » explique ainsi au New York Times Laura Canineu, présidente de l’antenne brésilienne d’Human Rights Watch.
Pendant la quinzaine de minutes durant laquelle Tatiane a subi les coups violents de son mari, les voisins entendaient en effet ses cris et ses appels à l’aide, mais n’ont pas agi. Un constat qui a choqué nombre de Brésiliens, et entraîné la création d’un hashtag de ralliement (« #metaAcolhe ») sur les réseaux sociaux, pour appeler à prévenir la police en cas de violence conjugale.
Les internautes concernés espèrent ainsi sensibiliser l’opinion et éviter que d’autres femmes ne meurent sous les coups de leur compagnon au Brésil, septième pays au monde avec le taux le plus élevé de féminicide, selon une étude de 2012 citée par le New York Times.