SCRUTINElections sans réelle opposition au Cambodge

Cambodge: Des élections sans réelle opposition en vue

SCRUTINHun Sen, au pouvoir depuis des décennies, a réduit au silence toutes les oppositions crédibles ces dernières années. Il assure qu’il a « éliminé les traîtres »…
R. G.-V. avec AFP

R. G.-V. avec AFP

Le Premier ministre cambodgien Hun Sen a salué vendredi les efforts du pouvoir pour « éliminer les traîtres », au cours d’un dernier grand rassemblement électoral organisé deux jours avant des législatives que l’opposition appelle à boycotter. « Récemment, nous avons pris des mesures légales pour éliminer les traîtres qui tentaient de renverser le gouvernement et de plonger de nouveau le pays dans la guerre », a déclaré Hun Sen, au pouvoir depuis trente-trois ans, devant des dizaines de milliers de ses partisans réunis à Phnom Penh tôt vendredi matin.

Le climat politique est tendu dans le pays, sans opposition crédible depuis la dissolution fin 2017 du Parti du sauvetage national du Cambodge (CNRP) et l’emprisonnement de son chef, Kem Sokha. Washington comme Bruxelles ont retiré leur aide à l’organisation de ce scrutin très controversé. « Ceux qui sont contre les élections sont ceux qui détruisent la nation et la démocratie et on ne doit pas le leur pardonner », a insisté Hun Sen vendredi. Des actions légales sont en cours contre les rares opposants qui ont osé promouvoir le boycott à visage découvert depuis le Cambodge.

« Farce » électorale

Hun Sen est coutumier des déclarations choc contre l’opposition. Il a ainsi par le passé promis « l’enfer » à ses opposants, les invitant à « préparer leurs cercueils » en cas de contestation et assurant vouloir se maintenir au pouvoir « encore pour les deux prochains mandats ». Les législatives de dimanche au Cambodge sont dénoncées comme une « farce » par l’opposition en exil et le régime met en garde contre tout « chaos » contestataire visant à « détruire » ce plébiscite attendu de Hun Sen.

Les électeurs avaient voté en masse pour l’opposition lors des législatives de 2013, prenant le régime de Hun Sen de cours. A l’époque, l’atmosphère était à une certaine ouverture. Le CNRP de Sam Rainsy, porté notamment par le vote des jeunes électeurs, avait raflé 55 sièges de députés sur un total de 123 et même organisé de grandes manifestations dénonçant les fraudes électorales mises en place par le régime pour minimiser sa défaite.

Observateurs chinois et indiens, mais pas occidentaux

Cette année, l’atmosphère a bien changé : Hun Sen dénonce depuis des mois toute velléité de « révolution de couleur », brandissant la menace d’une ère de chaos dans ce pays encore traumatisé par le régime khmer rouge, coupable d’un génocide ayant fait près de deux millions de morts dans les années 1970. Hun Sen, dont les proches contrôlent de larges pans de l’économie, a construit une dynastie : ses trois fils occupent des postes clé au sein du parti au pouvoir et de l’armée et s’investissent à ses côtés dans la campagne électorale.

Chine et Inde ont envoyé des observateurs, contrairement à Washington et Bruxelles, pour ce scrutin avec officiellement 20 partis en lice, tous loyaux au pouvoir.