ETATS-UNISUn clip choc sur des enfants migrants sans avocat risquant l'expulsion

Etats-Unis: Un clip choc dénonce le passage de très jeunes enfants migrants sans avocat devant un juge de l'immigration

ETATS-UNISUn clip fictif relatant la réalité de ce que vivent les enfants de migrants séparés de leurs parents aux Etats-Unis suscite une vive émotion...
Anissa Boumediene

A.B.

L'essentiel

  • Une réalisatrice américaine signe un clip illustrant ce que traversent les enfants de migrants séparés de leurs parents aux Etats-Unis.
  • Des enfants parfois âgés d’à peine 3 ans sont convoqués devant un juge de l’immigration en vue de leur possible expulsion.

«Sais-tu ce qu’est un avocat ? » « Non ». « As-tu un avocat ? » « Je ne sais pas. » Casque de traduction sur les oreilles, les pieds dans le vide, installée dans une chaise trop grande pour elle, une fillette d’environ 4 ans répond aux questions d’un juge américain de l’immigration, et ne sait visiblement pas ce qu’elle fait là. La scène n’est pas réelle, mais les images de ces jeunes enfants faisant face à un juge chargé de statuer sur leur éventuelle expulsion sont glaçantes.

Dans un clip diffusé sur les réseaux sociaux, la réalisatrice Linda Freedman livre une vidéo réalisée à partir de réels extraits d’auditions de jeunes mineurs faisant l’objet de procédures judiciaires. Car aux Etats-Unis, de très jeunes enfants de migrants séparés de leurs parents sont contraints de comparaître seuls, sans avocat, devant un juge au tribunal d’immigration. Après la diffusion ces derniers jours sur Twitter de cette vidéo illustrant ce que traversent ces enfants livrés à eux-mêmes, nombreux sont les internautes qui se sont indignés.

UNACCOMPANIED: Alone in America from Linda Freedman on Vimeo.

Une procédure légale mais choquante

Un peu partout aux Etats-Unis, des mineurs non-accompagnés sont convoqués devant un juge de l’immigration. Parfois arrivés seuls sur le territoire américain lorsqu’ils sont adolescents, souvent séparés de leurs parents par les autorités américaines à leur entrée irrégulière dans le pays, qui ont ainsi placé plus de 2.300 enfants entre avril et mai. Lorsque les circonstances le permettent, ces enfants sont confiés à un « sponsor », un membre de leur famille résident aux Etats-Unis, mais ce n’est pas toujours le cas.

Ce qui est systématique en revanche, c’est que ces mineurs non-accompagnés n’ont pas droit à l’assistance juridique gratuite dont peuvent bénéficier les prévenus dans la justice pénale américaine, lorsqu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir les services d’un avocat. Pour les migrants et leurs enfants, l’avocat gratuit commis d’office, cela n’existe pas.

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« Il n’existe pas d’âge minimum de comparution »

Une situation qu’a voulu dénoncer la réalisatrice Linda Freedman. Mais, faute d’avoir été autorisée à tourner un reportage dans les tribunaux et filmer les jeunes mineurs comparaissant seuls, l’Américaine a finalement tourné une fiction, jouée par les enfants de ses amis. Un clip réaliste dans lequel c’est un véritable juge de l’immigration à la retraite, William Snouffer, qui interroge les jeunes enfants cités à comparaître.

Dans la vie réelle, cette comparution intervient dans le cadre de la procédure judiciaire fédérale qui détermine si ces mineurs non-accompagnés, âgés parfois d’à peine 3 ans, peuvent rester sur le territoire américain ou doivent être expulsés vers le Mexique, le Honduras ou encore le Salvador. « Il n’existe pas d’âge minimum de comparution », concernant ces procédures judiciaires devant un juge de l’immigration, a déploré dans un entretien accordé à CNN Lindsay Toczylowski, directrice du Immigrant Defenders Law Center, un centre juridique d’aide aux migrants. Si en pratique, il s’agit le plus souvent de jeunes adolescents, même un bébé peut être convoqué devant le juge pour se défendre contre une menace d’expulsion.

Neuf enfants sur dix sans avocat sont expulsés

D’autant que l’issue n’est pas la même pour ces enfants convoqués devant le juge selon qu’ils sont ou non représentés par un avocat. Ainsi, sur dix enfants sans avocat convoqués au tribunal d’immigration, neuf sont condamnés à l’expulsion vers leur pays d’origine, rapporte la réalisatrice dans son clip. En revanche, sur dix enfants entendus par un juge de l’immigration et bénéficiant des services d’un avocat, près de la moitié d’entre eux obtiennent le droit de rester sur le territoire américain.

« Ces enfants sont censés présenter un dossier justifiant leur droit d’asile et le fait qu’ils sont légitimes à rester sur le territoire américain, explique à CNN Lindsay Toczylowski. Mais lorsqu’ils sont si jeunes et séparés de leur famille, ils ignorent souvent les raisons qui ont poussé leurs parents à fuir leur pays (…). Et dans cette situation, il est extrêmement difficile pour nous, avocats, de monter un dossier pour les défendre en vue de leur obtenir l’asile. C’est pourquoi nous faisons tout notre possible pour réunir ces familles et leur offrir la meilleure défense possible ».