Fin de la crise grecque: Retour sur une décennie de calvaire
CHRONOLOGIE•Depuis 2009 et la découverte de son immense dette cachée, la Grèce est allée de Charybde et Scylla. Aujourd’hui, le pays redevient « normal »…R. G.-V. avec AFP
Dix ans. Presque. A passer de sommets de la dernière chance en sommets de la dernière chance. De manifestations d’une population à bout jusqu’au… bout du tunnel ? Après presque une décennie de sa crise de la dette qui a failli la faire sombrer, la Grèce attend ce jeudi le feu vert des grands argentiers de la zone euro pour tourner définitivement la page de la tutelle. Rappel des principales étapes de cette crise.
2009 : Statistiques grecques
Arrivé en octobre 2009, le gouvernement socialiste de Georges Papandréou entame des révisions des chiffres de déficit public des années précédentes sous-évalués par le précédent gouvernement conservateur. On découvre qu’en 2009 ce déficit a culminé à 15 %. Le pays plonge dans la catégorie insolvable, l’accès aux marchés lui est barré. La situation menace la monnaie unique. Après avoir traîné les pieds, la zone euro se résout à sauver financièrement la Grèce, et embarque dans l’aventure le Fonds monétaire international (FMI).
2010 : La purge
En mai 2010, la Grèce devient le premier pays de la zone euro à recevoir un prêt international, 110 milliards d’euros. Il lui est en échange prescrit une purge d’austérité, qui soulève tout le pays, avec une succession de violentes manifestations où trois personnes trouveront la mort ce mois-là. Les concepteurs de cette cure, admettent désormais que préparée dans l’urgence et non dénuée d’arrières pensées punitives, elle a en partie contribué à prolonger la crise.
2011 : L’impasse
En 2011, l’état du malade s’aggrave : la dette continue de gonfler, la récession s’installe, avec sa cohorte de chômeurs. Plus d’un quart du PIB sera perdu en quatre ans. Le gouvernement socialiste est poussé vers la sortie par Berlin et Paris, ouvrant une séquence électorale qui, tandis que la rue ne cesse de gronder, débouche finalement en juin 2012 sur la formation d’une coalition droite-socialiste.
2012 : Rémission ?
En mars 2012, les créanciers accordent un deuxième prêt de 130 milliards d’euros, et s’accordent avec les banques privées pour qu’elles effacent 107 milliards d’euros de dette, sur un total de 206. S’installe alors la routine des visites de la « troïka », l’attelage représentant les créanciers (Commission européenne, BCE, FMI), auprès de ministères largement réduits au rôle de chambres d’enregistrement.
La mise en œuvre effective des réformes laisse souvent à désirer, mais les chiffres amorcent une légère embellie, au point qu’en avril 2014, la Grèce opère une brève sortie, plutôt réussie, sur les marchés. Athènes et Bruxelles commencent à évoquer une « success story », qui tourne court quand l’électorat grec refuse de continuer à en payer le prix.
2015 : Grexit
La Grèce devient en janvier 2015 le premier membre de l’UE à être dirigé par la gauche radicale. Le Premier ministre, Alexis Tsipras, promet d’en finir avec la rigueur et s’attaque à la « crise humanitaire » qui touche le pays. Un bras de fer s’engage : les créanciers coupent les fonds, le pays manque une échéance de paiement au FMI, et un contrôle des capitaux est imposé fin juin.
La menace du Grexit est tour à tour agitée par la Grèce pour tenter de faire plier ses créanciers puis brandie par l’Allemagne pour finalement emporter la mise. Malgré le « Oxi » (Non) des Grecs à la feuille de route que veulent leur assigner UE et FMI, lors d’un référendum début juillet, Alexis Tsipras signe une semaine plus tard le maintien du pays sous perfusion.
2017 : De nouveau « normal »
Le troisième prêt, de 86 milliards d’euros, qui arrivera à échéance ce 20 août, est consenti en échange d’un nouveau sursaut de rigueur, de l’accélération des privatisations, et d’une réforme de la sécurité sociale en souffrance depuis des décennies. L’iconoclaste ministre des Finances Yanis Varoufakis est débarqué du gouvernement, mais Alexis Tsipras réussit à se faire réélire, en septembre 2015. Il choisit alors de se conformer sans plus traîner les pieds aux injonctions de l’UE et du FMI.
En 2017, le pays renoue avec la croissance, avec une progression de 1,4 % de son PIB. Les satisfecit s’enchaînent envers Athènes, le dernier en date avec la clôture début juin de la dernière inspection menée dans le cadre des programmes de prêts. Le pays redevient « normal » se félicite la Commission européenne. Mais toujours plombé par une dette qui a grimpé à 178 % du PIB, et engagé à opérer de nouvelles économies en 2019 et 2020, il restera soumis à une « surveillance renforcée » ont prévenu ses créanciers.