VIDEO. Rencontre Trump/Kim: Fréquenter Kim Jong-un, c'est devenu tendance ?
POPULAIRE•À l’instar du chef d’Etat sud-coréen, Moon Jae-In, et du président chinois, Xi Jinping, Donald Trump tombera-t-il sous le charme du « leader suprême » de plus en plus « in », Kim Jong-un ?Emilie Petit
L'essentiel
- Après le Chinois Xi Jinping, puis le Sud-Coréen Moon Jae-In, c’est au tour de l’Américain Donald Trump, de rencontrer le chef d’Etat de Corée du Nord, Kim Jong-un. Une véritable stratégie de la part du Nord-Coréen, dont les pions ont été placés depuis quelque temps déjà.
- D’un côté, le leader du régime communiste, Kim Jong-un, semble prêt à tout pour arriver à faire plier le leader de la plus grande puissance mondiale. Face à lui, Donald Trump souhaite, coûte que coûte, régler le problème nord-coréen.
- Si la dénucléarisation de la Corée du Nord sera au centre du sommet avec son homologue américain, le Nord-Coréen joue, avant tout, la sécurité de son peuple.
Après les insultes, les mots d’amour ? Si Donald Trump et Kim Jong-un n’en sont pas encore là, un premier contact sera établi dans la nuit de lundi à mardi, à Singapour. Car, après moult tergiversations, les deux hommes ont enfin décidé de sauter le pas. Et quel pas !
Mais rien n’assure, pour le moment, qu’aucune crise ne viendra entacher le tête à tête des deux chefs d’Etat à l'ego surdimensionné. Pour Dorian Malovic, chef du service Asie du quotidien La Croix et coauteur du livre Le monde selon Kim Jong-un, « quelle que soit l’issue du sommet, c’est déjà un succès énorme et une rencontre exceptionnelle ».
Kim Jong-un, pestiféré en 2017, tendance en 2018 ?
Le chef d’État nord-coréen, Kim Jong-un, n’en finit plus de surprendre. D’ébahir, même. En quelques mois seulement, le « leader suprême » s’est attiré les faveurs des plus grandes puissances de ce monde. « Depuis cinq mois et demi, on assiste à un véritable tsunami diplomatique ! », s’exclame Dorian Malovic.
Après le Chinois Xi Jinping, puis le Sud-Coréen Moon Jae-In, c’est au tour de l’Américain Donald Trump, de succomber au charme de Kim. Une véritable stratégie de la part du Nord-Coréen, dont les pions ont été placés depuis quelque temps déjà, d’après le spécialiste Asie : « Les deux leaders coréens, du Sud et du Nord, se connaissent finalement très bien. Bien mieux que l’on peut l’imaginer. Kim Jong-un est également allé deux fois en Chine, chercher la garantie de Xi Jinping. Et il a rencontré le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, la semaine dernière. Il y a donc un front uni - Corée du Nord, Chine, Russie - qui se trouve en face d’un front, finalement presque juste américain. Donc là, c’est le jeu de pression et de bluff. »
La « fière » Corée du Nord fera-t-elle le poids face à l'« opulente » Nord-Américaine ?
Donald Trump n’a, certes, pas sa langue dans sa poche. Mais Kim Jong-un a prouvé, ces derniers mois, qu’il ne tremblait pas à l’idée d’un choc frontal avec le président des États-Unis. Après avoir été traité de «chien apeuré» par le chef d’Etat nord-américain, Kim Jong-un n’a pas hésité à surenchérir en menaçant de « discipliner par le feu le gâteux américain malade mental ». C’est donc une rencontre électrique qui s’annonce. « D’un côté, le leader du régime communiste, Kim Jong-un, semble prêt à tout pour arriver à faire plier le leader de la plus grande puissance mondiale. Face à lui, Donald Trump souhaite, coûte que coûte, régler le problème nord-coréen. Ce que n’ont pas su faire ses prédécesseurs », analyse Dorian Malovic.
aMalgré tout, ce dernier n’écarte pas une possible entente entre les deux chefs d’Etat. « On va se trouver en face de deux personnalités qui, en apparence, peuvent être totalement antinomiques, mais qui, en réalité, sont beaucoup plus proches l'une de l'autre. Quand on entend Trump dire, à la veille du sommet, que si tout se passe bien, il est prêt à inviter Kim Jong-un dans sa résidence privée, en Floride, on se dit que l’on est en train de passer un chapitre de l’histoire ! »
Des paroles, des paroles, des paroles…. Quid du programme nucléaire nord-coréen ?
En guise de bonne foi, Kim Jong-un l’a dit, annoncé, presque crié à la face du monde : le site nucléaire de Punggye-ri sera bientôt démantelé. Un jeu de dupe, pour Dorian Malovic, car « le terme de dénucléarisation n’est pas entendu de la même manière des deux côtés. Washington souhaite une dénucléarisation totale, immédiate et vérifiable. C’est irréaliste ! Du côté nord-coréen, il s’agit d’une dénucléarisation de toute la péninsule. C’est-à-dire que les Américains, qui bénéficient, au sud, du parapluie nucléaire, devront, eux aussi, dénucléariser à cet endroit-là. La définition n’est donc pas la même. Et Trump le sait ».
Mais Kim a également d’autres attentes. Car, si la dénucléarisation de la Corée du Nord sera au centre du sommet avec son homologue américain, le Nord-Coréen joue, avant tout, la sécurité de son peuple. Il n’abattra donc l’une de ses plus grosses cartes, celle du nucléaire, qu’à la condition d’une non-agression des États-Unis vis-à-vis de son pays. Et Dorian Malovic l’assure, Kim est « un stratège. Il est habile ! ».