VIDEO. Rencontre Trump/Kim: L'imprévisibilité de Donald Trump est-elle en train de payer?
L'ART DU DEAL•Menaces, insultes, bluff... Le président américain bouscule le monde feutré de la diplomatie...Philippe Berry
De notre correspondant aux Etats-Unis,
Toute sa vie, Donald Trump s’est présenté comme le roi de la négociation. « Nous avons besoin d’un président qui a écrit The Art of the Deal, lançait-il le 16 juin 2015 en annonçant sa candidature. Trente ans après sa parution, son best-seller reste plus pertinent que jamais pour décrypter sa stratégie face à Kim Jong-un, avant leur sommet de mardi, à Singapour. La preuve par cinq.
1. « Think Big » (Voyez grand)
Ses prédécesseurs se sont cassé les dents sur ce défi. Le président sud-coréen Moon Jae-in, Kim Jong-un et Donald Trump ont tous les trois parlé de «dénucléarisation». Reste à voir s’ils en ont la même définition. « Au bout du compte, c’est l’absence d’armes nucléaires sur toute la péninsule coréenne. Mais il y a des différences fondamentales sur le processus pour y arriver », estimait fin mai Gary Samore, négociateur sur le désarmement sous Barack Obama, à l’antenne de la radio NPR. Le sommet devrait permettre de parler des grandes lignes mais la question critique des inspections sera sans doute abordée plus tard.
2. « Use your leverage » (Exploitez votre avantage)
Face à un Kim Jong-un motivé par un instinct d’auto-préservation, Donald Trump a deux moyens de pression : les sanctions économiques qui paralysent le royaume ermite et la présence des 25.000 soldats américains au Sud, explique le spécialiste de la région Van Jackson. Le président américain a fait un geste symbolique en mai, arrêtant d’utiliser l’expression « pression maximale ».
3. « Fight Back » (Rendez les coups)
Donald Trump ne dégaine jamais le premier mais il riposte toujours. En août 2017, après des tests de missiles nord-coréens, il promet « le feu et la furie » à Pyongyang. A l’ONU, il menace de «détruire totalement» la Corée du Nord en cas d’attaque. Puis surnomme Kim Jong-un « Rocketman », qui le traite en retour de «vieux radoteur» et de «chien apeuré».
4. « Know when to walk away » (Savoir quand claquer la porte)
La porte, Donald Trump l’a claquée avec fracas en annulant le sommet fin mai. « Kim Jong-un est revenu à genoux et a supplié », a juré son avocat Rudy Giuliani. Le président américain assure qu’il n’hésitera pas à « quitter la table des négociations » si besoin, alors que certains experts estiment que Pyongyang n’a aucunement l’intention d’abandonner ses têtes nucléaires.
5. « Be unpredictable » (Soyez imprévisible)
Il l’a répété pendant la campagne, les Etats-Unis sont « trop prévisibles ». Dans un grand écart rhétorique, Trump est passé de la menace de son « gros bouton nucléaire » aux compliments, qualifiant Kim Jong-un « d’homme honorable ». Si les diplomates préfèrent la constance, être imprévisible « peut permettre d’obtenir des concessions » de l’autre parti, selon une étude menée par le chercheur en psychologie organisationnelle Marwan Sinaceur. Attention, précise l'enseignant de l'Essec à 20 Minutes, « c’est une tactique qui déstabilise à court terme, pas une stratégie à long terme. Aucune véritable négociation ne peut faire l’économie d’une compréhension des points de vue de la partie adverse ». Pour Donald Trump, le plus dur commence.