PROCHE-ORIENTLe président palestinien Mahmoud Abbas est sorti de l’hôpital

Le président palestinien Mahmoud Abbas est sorti de l’hôpital

PROCHE-ORIENTCes huit jours d’hôpital ont ravivé les spéculations sur sa succession à la tête de l’Autorité palestinienne…
R. G.-V. avec AFP

R. G.-V. avec AFP

Il va mieux. C’est en tout cas l’image que l’Autorité palestinienne a voulu donner de son président, Mahmoud Abbas. Il a quitté ce lundi l’hôpital de Ramallah, en Cisjordanie, après huit jours d’une hospitalisation qui a ranimé les spéculations sur son avenir et sa succession. Agé de 83 ans, le président Abbas est sorti vers midi à pied de l’hôpital où il était soigné pour une pneumonie, selon la présidence.

En apparente bonne santé pour quelqu’un sortant d’une hospitalisation de plus d’une semaine, il s’est auparavant adressé aux journalistes pour dire son intention de retourner travailler à son bureau dès le lendemain. Connu pour être un grand fumeur, Mahmoud Abbas avait été admis à l’hôpital le 20 mai avec une forte fièvre. Quelques jours plus tôt, il avait subi une opération mineure à une oreille. Ses symptômes avaient d’abord été présentés comme des complications liées à l’opération, avant que le directeur de l’hôpital n’indique que le président palestinien souffrait d’une « infection au poumon droit ».

Aucun successeur désigné

La sortie de l’hôpital de Mahmoud Abbas avait été repoussée de jour en jour, alimentant les conjectures sur la gravité de son état. Sa santé est un motif d’alerte régulier. Interlocuteur principal de la communauté internationale dès lors qu’il s’agit des Palestiniens, Mahmoud Abbas n’a officiellement désigné aucun successeur. Aucun nom ne se détache pour prendre sa relève et sa mise à l’écart ouvrirait une période incertaine et potentiellement dangereuse.

L’Autorité palestinienne a été chassée de la bande de Gaza par le mouvement islamiste Hamas en 2007 et est par ailleurs largement discréditée auprès des Palestiniens qui souhaitent majoritairement le départ de Mahmoud Abbas. Ce dernier, qui avait signé en 1993 l’historique premier accord d’Oslo jetant les bases d’un règlement israélo-palestinien, demeure pour la communauté internationale l’avocat reconnu d’une solution négociée et non-violente.

Relations gelées avec les Etats-Unis

Mais cette solution dite « à deux Etats », passant par la création d’un Etat palestinien qui coexisterait avec Israël, paraît plus lointaine que jamais. L’effort de paix avec Israël est paralysé depuis 2014. Et depuis 2017, l’Autorité essuie les coups infligés par l’administration Trump, culminant dans la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël. Les relations entre la direction palestinienne et les officiels américains sont gelées depuis.

Le président de l’Autorité palestinienne doit diriger demain mardi à une réunion du Fatah, son parti. Il devrait en profiter pour passer à autre chose en remettant l’opposition aux politiques israéliennes et américaines au cœur du débat, dit l’analyste politique Nour Odeh. Cependant, « nul doute que les évènements récents (concernant la santé de Mahmoud Abbas) auront un impact. Le président n’est plus un jeune homme », a-t-elle aussi ajouté.

Diana Buttu, une ancienne collaboratrice devenue une critique vigoureuse de Mahmoud Abbas, estime que celui-ci devrait tenter de faire taire les bruits quant à sa succession. « Il va faire comme si rien ne s’était passé, comme si un homme de 83 ans n’avait pas souffert d’une grave pneumonie », a-t-elle dit. « Les autres savent que s’ils parlent de succession, ils seront débarqués », a-t-elle ajouté.