Le président italien Sergio Mattarella a refusé dimanche de nommer un ministre des Finances eurosceptique choisi par les populistes, provoquant la démission du Premier ministre tout juste nommé. La troisième économie de la zone euro s’engage dans une crise politique sans précédent.
« J’ai remis le mandat qui m’avait été confié par le président Mattarella pour former le gouvernement du changement », a brièvement déclaré dimanche soir l’éphémère Giuseppe Conte, désigné mercredi par Sergio Mattarella pour former un gouvernement. A l’origine de ce refus : la nomination d’un ministre des Finances eurosceptique, décision bloquée par le président italien.
Ce dernier a de son côté convoqué lundi Carlo Cottarelli, un économiste ancien fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI) pour. C’est lui, selon toute vraisemblance, qui devrait endosser le rôle de Premier ministre après la défection de Conte.
Les antisystème et l’extrême-droite sont furieux
Le patron de la Ligue, Matteo Salvini, est furieux. C’est lui qui avait soufflé le nom de cet économiste eurosceptique. Il a préféré prendre le risque d’ouvrir une crise institutionnelle avec le chef de l’Etat plutôt que de renoncer à ce choix.
« Soit on peut bien travailler pour redonner un avenir à ce pays et à nos enfants, ou alors, en démocratie, si on est encore en démocratie, il n’y a plus qu’une chose à faire : rendre la parole aux Italiens », a-t-il déclaré dimanche soir.
Le président Mattarella, un ancien juge à la Cour constitutionnelle et gardien sourcilleux de la Constitution, a refusé de plier devant ce qu’il considérait dès jeudi comme un « diktat » des partis politiques, contraire, selon lui, aux intérêts de l’Italie. « La désignation du ministre de l’Economie constitue toujours un message immédiat de confiance ou d’alarme pour les opérateurs économiques et financiers », a-t-il expliqué devant la presse.
La Bourse de Milan en hausse
Pour Luigi Di Maio, leader du Mouvement cinq étoiles, ce refus est « incompréhensible ». « Disons-le clairement qu’il est inutile d’aller voter, puisque les gouvernements ce sont les agences de notation, les lobbies financier et bancaire qui les font. Toujours les mêmes », a-t-il lancé dans un message vidéo, posté sur sa page Facebook.
Le patron du parti antisystème a assuré ce lundi qu’il comptait demander la destitution du président Mattarella. Il compte invoquer l’article 90 de la Constitution italienne, qui permet de mettre en accusation le chef de l’Etat devant le Parlement pour « haute trahison » ou s’il porte « atteinte à la Constitution ». « En portant cette crise au Parlement, nous éviterons qu’elle ne se répande hors du Parlement ».
Si la situation politique reste instable, le veto de Sergio Mattarella a quelque peu rassuré les marchés financiers. La Bourse de Milan s’affichait en hausse ce lundi matin.