Irak: Surnommé le «nouvel Abaaoud», un djihadiste belge condamné à mort
TERRORISME•Tarik Jadaoun avait rejoint l’EI sous le nom de guerre d’Abou Hamza al-Belgiki et avait appelé dans des vidéos à frapper la France la Belgique...20 Minutes avec AFP
Il avait été surnommé le « nouvel Abaaoud », en référence à son compatriote Abdelhamid Abaaoud, l’un des organisateurs présumés des attentats du 13 novembre 2015. Un djihadiste belge a été condamné à mort ce mardi par la justice irakienne, qui l’a présenté comme « l’un des terroristes étrangers les plus importants » jugés pour appartenance au groupe de l’Etat islamique (EI).
Tarik Jadaoun, Belge d’origine marocaine né en 1988, avait rejoint l’EI sous le nom de guerre d’Abou Hamza al-Belgiki et avait appelé dans des vidéos à frapper la France et la Belgique.
De l’acquittement à la perpétuité, en passant par la peine de mort
Il a désormais trente jours pour faire appel. Passé ce délai, la peine de mort pourra être appliquée. Sa condamnation vient s’ajouter à celle de plus de 300 personnes ayant écopé de la peine capitale en Irak pour avoir rejoint les rangs de l’organisation, qui a un temps tenu près d’un tiers de l’Irak et de larges pans de la Syrie.
Un nombre comparable a été condamné à la prison à perpétuité, selon des sources judiciaires.
Une Allemande et une Française ont été récemment condamnées à la perpétuité. Une deuxième Française risque actuellement la peine de mort dans un autre procès. Quasi-quotidiennement, des centaines d’Irakiens comparaissent et les verdicts sont divers, allant de l’acquittement à la perpétuité, en passant par la peine de mort ou plusieurs années de prison.
Une audience de moins de dix minutes
Lors de l’ouverture de son procès, le 10 mai, Tarik Jadaoun avait plaidé « non coupable » et affirmé aux juges qu’il s’était « fourvoyé ». Ce mardi matin, il ne s’est pas défendu. Le juge a alors indiqué qu’il prononçait « la pendaison jusqu’à ce que mort s’ensuive conformément à l’article 4 de la loi antiterroriste ».
L’Irak, quatrième pays au monde en terme d'exécutions selon Amnesty International, a déjà exécuté des ressortissants étrangers ou binationaux pour des actes commis au sein d’organisations extrémistes comme Al-Qaïda. Mais, à ce jour, aucun ressortissant d’un pays occidental condamné à mort pour appartenance à l’EI n’a été exécuté.
Pour l’accusation de violation des frontières du pays, Tarik Jadaoun a aussi été condamné à trois années de prison et plus de 2.000 euros d’amende. A l’énoncé du verdict, Tarik Jadaoun a immédiatement perdu son sourire et semblé se décomposer, les gardiens lui couvrant le visage et l’emmenant vers un véhicule des forces irakiennes pour le ramener en prison. En tout, l’audience a duré moins de dix minutes, selon le journaliste de l’AFP.
« Désolé »
Lors de l’ouverture du procès, Tarik Jadaoun s’était vu attribuer un avocat commis d’office. S’exprimant en arabe, il avait toutefois assuré lui-même sa défense et plaidé non coupable des chefs d’inculpation : « appartenance à l’organisation Daesh » et « attaques » menées avant son arrestation le 23 août 2017 à Mossoul (nord) par les troupes irakiennes, soit plus d’un mois après la reprise de la « capitale » irakienne du groupe ultraradical.
Il avait reconnu être entré en Irak en juin 2015 depuis la Turquie et avoir passé une semaine à Raqa, l’autre « capitale » de l’EI, en Syrie voisine. « Je n’étais pas combattant, je dirigeais une section d’infirmiers de l’EI, je soignais tout le monde », avait-il assuré, se disant « désolé ».
« Je me suis fourvoyé et j’en appelle à votre bienveillance », avait-il ajouté. « Je n’avais pas le choix », avait-il encore dit, notamment au sujet des vidéos de menaces. « Un des plus hauts dirigeants de l’EI m’a demandé de faire ces vidéos ».
Lors des interrogatoires précédents le procès, Tarik Jadaoun avait reconnu avoir formé « les "lionceaux du califat", une soixantaine d’enfants de huit à 13 ans, à l’entraînement sportif et au maniement des armes ».