LIBERTE DE LA PRESSEQuatorze journalistes turcs condamnés pour «terrorisme»

Turquie: Quatorze journalistes du quotidien d’opposition «Cumhuriyet» condamnés pour «terrorisme»

LIBERTE DE LA PRESSEAprès le verdict, les journalistes ont dénoncé un coup porté à la liberté de la presse en Turquie et promis qu'ils continueront à faire « du journalisme honnête et honorable »...
20 Minutes avec agences

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Le verdict est qualifié de « honte » par le journal Cumhuriyet. Un tribunal de Silivri, près d’Istanbul, a condamné, ce mercredi, 14 collaborateurs du quotidien d’opposition pour aide à des organisations « terroristes ».

A l’issue de neuf longs mois de ce procès considéré comme un test pour la liberté de la presse en Turquie, ces journalistes ont écopé de peines de prison comprises entre deux ans et demi et plus de huit ans.

La liberté de la presse en Turquie condamnée

Parmi eux, figurent le patron du journal, Akin Atalay, son rédacteur en chef, Murat Sabuncu, ainsi que de célèbres journalistes turcs comme Ahmet Sik et Kadri Gürsel, ou encore le caricaturiste Musa Kart. Ils étaient accusés d’avoir notamment collaboré avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le prédicateur Fethullah Gülen, qu’Ankara accuse d’être le cerveau du putsch manqué du 15 juillet 2016.

Ces accusations ont été qualifiées d'« absurdes » par Cumhuriyet, qui a dénoncé tout au long du procès une manoeuvre visant à réduire au silence l’un des derniers médias critiques en Turquie. « Ce n’est pas moi, mais la Turquie et la liberté de la presse en Turquie qui ont été condamnées », a déclaré le rédacteur en chef, Murat Sabuncu, devant le tribunal de Silivri.

Liberté conditionnelle pour le patron du journal

Le tribunal a par ailleurs acquitté trois collaborateurs du journal et ordonné la remise en liberté conditionnelle de Akin Atalay, le seul accusé qui comparaissait encore en détention préventive. Il était écroué depuis 542 jours.

Les journalistes condamnés ne seront pas incarcérés en attendant la procédure d’appel, ayant déjà bénéficié au cours du procès d’une mesure de remise en liberté conditionnelle. Ils sont en revanche soumis à un contrôle judiciaire et à une interdiction de quitter le territoire.

« Vous aurez honte devant l’Histoire »

Farouchement hostile au président Recep Tayyip Erdogan, Cumhuriyet (« République », en turc), fondé en 1924, s’est attiré les foudres de l’homme fort de la Turquie. Le journal a notamment affirmé de manière retentissante en 2015, vidéo à l’appui, que les services secrets turcs avaient fourni des armes à des rebelles islamistes en Syrie. Recep Tayyip Erdogan avait alors averti Can Dündar, l’ancien rédacteur en chef aujourd’hui exilé en Allemagne, qu’il allait « payer le prix fort ».

Après l’énoncé du verdict, les journalistes ont promis de ne pas se laisser intimider. « Vous aurez honte devant l’Histoire », clamait Cumhuriyet sur son site internet​ mercredi soir. « Aucune condamnation ne nous empêchera de faire du journalisme », a déclaré Murat Sabuncu.