JUSTICEDéjà condamné pour «génocide», Radovan Karadzic de retour devant les juges

La Haye: Déjà condamné pour «génocide», Radovan Karadzic de retour devant les juges

JUSTICEEn première instance en mars 2016, le TPIY avait reconnu l’ex-chef politique des Serbes de Bosnie coupable d’atrocités commises à Srebrenica et Sarajevo pendant la guerre sanglante de Bosnie...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L’ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, comparaît de nouveau ce lundi à La Haye devant les juges internationaux, saisis en appel de sa condamnation à quarante ans de prison pour «génocide», « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ».

En première instance en mars 2016, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) l’avait reconnu coupable d’atrocités commises à Srebrenica et Sarajevo pendant la guerre sanglante de Bosnie.

Erigé en « héros » par beaucoup des siens

Le conflit dans ce pays des Balkans a fait plus de 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995. Aujourd’hui âgé de 72 ans, l’ex-psychiatre est le plus haut responsable à devoir rendre des comptes devant la justice, depuis la mort pendant son procès de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic.

Son avocat, Peter Robinson, a fait appel du verdict du TPIY, estimant que les juges « l’ont présumé coupable et ont construit un jugement pour justifier cette présomption ». Toujours érigé en « héros » par beaucoup des siens, l’ex-président de l’entité des Serbes de Bosnie, la Republika Srpska, a lui-même fustigé un « procès politique » et s’est dit victime d’une condamnation « monstrueuse ».

« Nettoyage ethnique »

Dans son verdict, le TPIY considérait que l’accusé, « fer de lance des structures militaires, politiques et gouvernementales » des Serbes de Bosnie, avait cherché à diviser le pays. En s’emparant de plusieurs municipalités, ses troupes avaient « sélectionné leurs victimes sur la base de leur identité de musulman ou de Croate », affirmaient les juges.

Karadzic a été reconnu coupable de génocide pour le meurtre de près de 8.000 hommes et garçons musulmans à Srebrenica en juillet 1995, le pire massacre commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon les juges, le massacre s’inscrivait dans le cadre d’un « nettoyage ethnique » planifié par un trio regroupant Karadzic, le général Ratko Mladic et Slobodan Milosevic.

Un verdict trop clément selon l’accusation

L’accusé a aussi été condamné pour des persécutions, meurtres, viols, traitements inhumains ou transferts forcés, notamment lors du siège de Sarajevo, qui coûta la vie à 10.000 civils en 44 mois, ainsi que pour des camps de détention aux « conditions de vie inhumaines ».

Il avait cependant été acquitté d’un des deux chefs d’accusation pour génocide, faute de preuves suffisantes pour affirmer, au-delà de tout doute raisonnable, qu’un tel crime avait été commis dans sept autres municipalités de Bosnie.

L’accusation, qui demandait la prison à vie, avait elle aussi fait appel du verdict, jugé trop clément. Le procureur Serge Brammertz regrettait notamment que les juges aient retenu « une définition excessivement étroite de l’intention génocidaire ».