CHRONOLOGIELa semaine où tout s'est décidé sur la Syrie

Frappes en Syrie: La semaine où tout s'est décidé à l'Elysée

CHRONOLOGIELes Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont lancé tôt ce samedi des frappes ciblées contre le régime syrien, qu'ils accusent d'une attaque chimique le 7 avril dans la ville de Douma...
VRB avec AFP

VRB avec AFP

Entre l’attaque chimique du 7 avril menée, selon Paris, par le régime de Damas, et le déclenchement des frappes samedi, se sont enchaînées à l’Élysée réunions et coups de fil aux alliés et autres partenaires, qui ont débouché sur la décision d’Emmanuel Macron.

L’Elysée prend connaissance des premières images et informations

« Après les attaques du 7 avril, en fin d’après-midi pour nous », raconte un de ses proches, « entre le samedi soir et le dimanche matin, nous commençons à recevoir beaucoup d’images et de vidéos. On tient le président au courant heure par heure ».

« Voyant la tournure des événements, il décide d’organiser une réunion pour faire le point », ajoute ce proche. « On se retrouve à l’Élysée le dimanche soir pour regarder ces images et les informations qui nous arrivent. Tout de suite, le président réalise la gravité des attaques. Il y a déjà très peu de doutes, dans les symptômes, les images, un certain nombre de signaux déjà assez précis : on voit que ça ressemble vraiment beaucoup à une attaque chimique ».

« Le président se rend compte que là, potentiellement, la ligne rouge qu’il avait fixée est peut-être franchie », ajoute-t-on à l’Élysée.

France et Etats-Unis dénoncent des attaques chimiques en Syrie

Emmanuel Macron appelle alors son homologue américain dimanche dans la nuit de dimanche à lundi. « Ils échangent des informations indiquant qu’il s’agit bien d’attaques chimiques ». « Les deux présidents condamnent une attaque chimique. Le président nous demande de recouper les informations. On avait beaucoup d’images, mais elles venaient seulement de deux sources, ce n’était pas suffisant. C’est tout ce qu’on voyait publiquement sur internet », poursuit cette source.

Une réunion s’est ensuite tenue chaque jour à l’Élysée, de lundi à vendredi, en présence de représentants des ministères des Armées et des Affaires étrangères. « Nous voulons coordonner et continuer de recouper et d’analyser les informations. Nous échangeons nos informations avec les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres partenaires européens », décrypte-t-on dans l’entourage du chef de l’État.

« Voyant le faisceau d’indices forts, les instructions sont données sur le plan militaire. C’est une opération complexe, coordonnée avec deux autres pays, sur un théâtre géopolitique pas simple », explique-t-on de même source.

Avec Poutine, le dialogue est direct

Emmanuel Macron s’entretient avec Angela Merkel le jeudi et appelle le président russe, Vladimir Poutine, vendredi : « Il y avait des interrogations de plus en plus fortes pour voir quelle serait la réaction russe, donc ce dialogue est important ». « Le président parle à tous et tire avantage de la position particulière de la France, indépendante, y compris dans cette phase assez délicate », selon ce proche.

Le dialogue est direct. Emmanuel Macron dit à Vladimir Poutine : « je pense qu’il y a eu cette attaque chimique, je pense que les critères de ma ligne rouge sont franchis ». Le président russe lui répond : « attendons de voir, nous avons une mission d’inspection sur le terrain », raconte ce proche du président français. Moscou accepte de dire que ce dialogue va se poursuivre.

« Le travail opérationnel se poursuit, des réunions se tiennent dans la nuit de vendredi à samedi. Le président parle à Trump vendredi en fin d’après-midi et à Theresa May pour s’assurer que tout est bien coordonné ».

L’opération militaire est lancée

Vendredi à 21h00 heure de Washington, Donald Trump annonce une opération militaire en cours contre la Syrie, avec la France et le Royaume-Uni. Emmanuel Macron souligne dans la foulée que les frappes françaises sont « circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l’emploi d’armes chimiques ». Paris assure aussi vouloir « travailler sérieusement » avec Moscou sur une solution politique.

« Depuis qu’il est élu », conclut-on à l’Élysée, « Emmanuel Macron a toujours dit que s’il se lançait sur une opération militaire, et c’est la première, il fallait qu’elle s’inscrive dans une feuille de route diplomatique. On en connaît à peu près les paramètres, mais pas encore le rythme, cela va dépendre des autres acteurs ». Le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir ce samedi en fin d’après-midi.