INTERNETLa justice russe ordonne le blocage de la messagerie cryptée Telegram

Telegram: La justice russe ordonne le blocage de la messagerie cryptée

INTERNETLes services spéciaux russes exigent que la plateforme Telegram lui permette de lire les messages de ses utilisateurs…
Le site de l'application Telegram sur un écran d'ordinateur en Russie le 13 avril 2018.
Le site de l'application Telegram sur un écran d'ordinateur en Russie le 13 avril 2018. -  Alexander Zemlianichenko/AP/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Nouvelle étape dans le bras de fer qui oppose les services spéciaux russes aux créateurs de la messagerie cryptée Telegram. Un tribunal de Moscou a ordonné ce vendredi le blocage de la messagerie sur le territoire de la Russie jusqu’à ce qu’elle remplisse « l’obligation de donner aux services de sécurité les informations nécessaires pour décoder des messages électroniques écrits, transmis, reçus » par ses utilisateurs.

L’agence de régulation Roskomnadzor, qui avait saisi la justice, avait prévenu jeudi que la décision serait mise en application « immédiatement » une fois la décision rendue.

« Guerre contre le progrès et la liberté »

L’audience a eu lieu en l’absence de représentants de Telegram qui avaient expliqué ne pas vouloir participer à une « farce ». L’avocat de la messagerie Pavel Tchikov a dénoncé une décision qui « démontre une nouvelle fois que la justice sert fidèlement les intérêts du pouvoir, sans se préoccuper de préserver un semblant d’apparence ».

Ce jugement « rapproche la Russie de pays où la haine triomphe, où l’on coupe des têtes et on fait la guerre contre le progrès et la liberté », a-t-il ajouté sur son compte Telegram.

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Le 20 mars, Roskomnadzor avait donné quinze jours à Telegram pour fournir ses clés de cryptage. « Les menaces de bloquer Telegram s’il ne fournit pas les données personnelles de ses utilisateurs n’auront pas de résultat. Telegram défendra la liberté et la confidentialité », avait alors réagi sur Twitter Pavel Dourov, co-fondateur de Telegram.

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Une confidentialité accusée de servir le terrorisme

L’application aux 200 millions d’utilisateurs dans le monde, dont les cofondateurs sont d’origine russe, est connue pour offrir une confidentialité élevée et refuse depuis des mois de se plier aux sommations des autorités russes, dans un contexte de pression croissante sur l’Internet russe ces dernières années.

« Les informations diffusées par Telegram peuvent contenir des données utilisées par des organisations terroristes et extrémistes », a déclaré à l’audience une représentante de Roskomnadzor, affirmant que cela constituait « une menace pour la fédération de Russie ».

La messagerie avait auparavant expliqué que les exigences des autorités étaient « inapplicables » du point de vue technique en raison justement du système très complexe de cryptage, selon lequel la messagerie n’a elle-même pas accès à certaines communications.

Offensive du Kremlin pour contrôler Internet

Depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin, plusieurs lois ont été prises pour mettre sous contrôle Internet, au nom de la lutte contre l'extrémisme ou le terrorisme. Mais les organisations de défense des droits de l’homme en ont dénoncé une utilisation à des fins politiques, pour faire taire les critiques du pouvoir, d’autant que l’opposition, ignorée des télévisions fédérales, se montre très active sur les réseaux sociaux.

Telegram rejoint ainsi le réseau social professionnel LinkedIn,​ inaccessible en Russie depuis fin 2016 pour ne pas avoir appliqué une loi récente imposant le stockage des données personnelles sur le territoire russe.

Mi-octobre, la justice russe avait condamné Telegram à une amende de 800.000 roubles (18.000 euros) pour avoir refusé de coopérer avec le FSB.

Pavel Dourov, qui a quitté la Russie en 2014 en invoquant des tensions avec les autorités, avait alors dénoncé une violation, selon lui, de la Constitution russe qui protège le droit au secret de la correspondance.

La messagerie avait déjà échappé à un blocage en juin après avoir accepté de fournir au régulateur russe des informations pour être intégrée au registre des diffuseurs d’information, ce qu’elle refusait auparavant.