INTERVIEWVIDEO. «Il y a en France une véritable attache religieuse à Luther King»

VIDEO. 50 ans de l'assassinat de Martin Luther King: «Il y a en France, une véritable attache religieuse à son égard»

INTERVIEWPour l’historien spécialiste des Etats-Unis, Pap Ndiaye, la mort de Martin Luther King le 4 avril 1968 a eu un écho particulier en France, quelques semaines avant les manifestations de mai 1968…
Hélène Sergent

Hélène Sergent

L'essentiel

  • Martin Luther King reste l’une des figures majeures de la lutte contre le racisme aux Etats-Unis et dans le monde.
  • En 1963, il prononce son célèbre discours « I have a dream » pour réclamer l’égalité des droits entre noirs et blancs.
  • Il est assassiné le 4 avril 1968 à Memphis (Tennessee) alors qu’il se trouve sur le balcon d’un motel.

Il y a cinquante ans, le pasteur baptiste militant pour les droits civiques, Martin Luther King était assassiné sur le balcon d’un motel de Memphis (Tennessee). Quel impact a eu en France l’annonce de sa mort et quel rôle a joué l’engagement de l’auteur du célèbre discours « I have a dream » dans les manifestations qui ont secoué l’Hexagone en mai de cette année 1968 ? L’historien, professeur à Sciences Po et spécialiste des Etats-Unis Pap N’Diaye revient pour 20 Minutes sur l’héritage laissé par Luther King en France, 50 ans après sa mort.

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Quel impact et quel écho ont eu l’annonce de l’assassinat de Martin Luther King en France le 4 avril 1968 ?

La presse de l’époque accorde une place très importante à son assassinat, comme la télévision. Une place très importante qui démontre l’intérêt plus général accordé par la presse française au mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis. Dès 1956, alors qu’il n’est âgé que de 27 ans, Martin Luther King devient une figure éloquente suite au boycott des bus de Montgomery. La presse française commence alors à se pencher sur lui et il fait l’objet de très nombreux articles ou reportages, y compris dans des émissions très populaires comme 5 colonnes à la Une.

S’il est plus difficile de mesurer l’impact de son assassinat sur l’opinion publique, il y a à cette époque un sentiment de grande tristesse, de désespoir et de tragique par rapport à la situation américaine qui semble marquée à la fois par les émeutes qui ont lieu l’été précédent à Détroit, le début de nouvelles émeutes qui suivent la mort de King, et l’assassinat, cinq ans avant, du président Kennedy.

Jouissait-il d’une stature particulière ici ?

Martin Luther King est venu à plusieurs reprises en France. Son dernier séjour remonte à l’automne 1964 lors de sa campagne en Europe pour venir chercher son prix Nobel de la Paix. Il était très populaire au sein du monde protestant français et avait notamment donné un discours à l’église américaine de Paris. Il y a une véritable attache religieuse et jouissait d’un certain respect en France.

Il était très populaire et apparaissait comme modéré. La presse française l’a souvent opposé à Malcolm X en dépeignant d’un côté Martin Luther King comme capable de compromis avec le politique et chantre de la non-violence, et d’un autre côté Malcolm X caricaturé en militant violent et haineux.



Son combat a-t-il eu un écho dans les manifestations et les aspirations des manifestants un mois après en mai 68 ?

La place donnée aux droits civiques et plus globalement au racisme lors des manifestations n’était pas centrale, comme la question relative aux femmes. En revanche, Luther King s’est imposé dans la dernière année de sa vie comme un fervent opposant à la guerre du Vietnam et comme anti-impérialiste. Ces deux sujets ont trouvé un réel écho en France et particulièrement lors des manifestations de mai 1968 qui se déroulaient en pleine offensive du Tết.

Que reste-t-il selon vous du combat porté par Martin Luther King, 50 ans après sa mort ?

Ce qui me frappe le plus, c’est la résilience du monde noir américain et sa capacité à résister par temps dur. C’est, au fond, l’un de principaux legs de King et de ses compagnons de lutte. Aujourd’hui, le sentiment d’être porteur d’une grande histoire, de traverser des temps difficiles et d’enregistrer des victoires politiques traverse encore les noirs américains. Il laisse aussi un certain savoir-faire en matière de non-violence, qui s’exprime très bien de nos jours avec le mouvement « Black lives matter ».

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