CHINETout puissant, le président chinois Xi Jinping est réélu pour cinq ans

Tout puissant, le président chinois Xi Jinping est réélu pour cinq ans

CHINE«Je jure de travailler à l'édification d'un grand pays socialiste et moderne», a déclaré Xi Jinping devant la constitution chinoise…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le président chinois Xi Jinping a affiché sa puissance samedi en étant réélu à l’unanimité par le parlement pour un nouveau mandat de cinq ans, tout en faisant nommer à ses côtés un proche allié au poste de vice-président.

Le poing droit levé, Xi, 64 ans, a juré de respecter la constitution lors d’une cérémonie inédite organisée dans le cadre grandiose du Palais du peuple à Pékin. « Je jure de travailler à l’édification d’un grand pays socialiste et moderne », a-t-il déclaré devant les députés, la main gauche sur la constitution, qu’il a pris soin de faire modifier il y a moins d’une semaine afin de pouvoir enchaîner les mandats sans limite de temps.

Un nouveau vice-président, Wang Qishan

Pas un seul des 2.970 députés présents n’a osé voter contre le président sortant ni même s’abstenir. Xi Jinping, qui était seul candidat, fait encore mieux que lors de sa première élection en 2013, lorsqu’un député avait voté contre lui et que trois autres s’étaient abstenus, soit un taux d’approbation de « seulement » 99,86 %.

Un nouveau vice-président, Wang Qishan, 69 ans, a été un peu moins bien élu que Xi, récoltant… un vote contre. Une quasi-unanimité qui n’était pas gagnée d’avance, Wang s’étant attiré quelques ennemis au sein du régime communiste lorsqu’il était chargé de diriger les services de lutte contre la corruption.

Lutte contre la corruption

Le premier mandat de Xi Jinping a été marqué par une lutte acharnée contre les pots-de-vin, qui a sanctionné au moins 1,5 million de cadres du Parti communiste chinois (PCC). Xi est soupçonné de s’être servi aussi de cette campagne pour éliminer des opposants internes et asseoir son autorité.

Après avoir placé des hommes à lui aux postes clés, il concentre les pouvoirs comme aucun dirigeant ne l’a fait depuis au moins un quart de siècle… aux dépens du Premier ministre Li Keqiang, qui doit être pour sa part réélu dimanche par l’ANP.

Réchauffer les relations avec les Etats-Unis

Outre sa fonction largement honorifique de vice-président, Wang Qishan, en bon anglophone, pourrait être chargé des difficiles relations avec le président américain Donald Trump. « Excellent » économiste, Wang Qishan formerait « une équipe de rêve » avec une étoile montante du PCC, Wang Yang, afin de gérer « la tempête géante qui se prépare autour des droits de douane » que menace d’imposer le président américain, observe le sinologue Kerry Brown, du King’s College de Londres.

L’homme fort de Pékin devra aussi répondre à bon nombre de griefs immédiats « s’il veut conquérir entièrement les cœurs », selon le politologue Hua Po depuis Pékin : inégalités sociales, flambée de l’immobilier, coût des frais médicaux et de scolarité, démolitions forcées…

« La campagne contre la corruption est populaire, le ménage dans le parti est populaire, et son programme de modernisation est attrayant s’il débouche sur une administration moins corrompue, plus fiable et au service des citoyens », observe le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l’Université baptiste de Hong Kong.