Turquie: 25 journalistes condamnés à des peines de prison pour leurs liens supposés avec le putsch de 2016
PROCES•La justice turque a estimé que les journalistes avaient soutenu la tentative de coup d’Etat de juillet 2016…20 Minutes avec agences
Un tribunal turc vient de prononcer des peines allant jusqu’à sept ans et demi de prison à l’encontre de 25 journalistes, ce jeudi. Ce procès est l’un des nombreux ouverts contre la presse après la tentative de coup d’Etat de juillet 2016.
Les condamnés, qui nient toute implication dans la tentative de putsch, ont, pour la plupart, collaboré avec des médias proches du mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis. L’homme est accusé par la Turquie d’avoir fomenté la tentative de renversement du gouvernement.
Des condamnés ont fait appel
Parmi les accusés figurent notamment le chanteur et journaliste Atilla Tas, condamné à plus de trois ans de prison et le journaliste Murat Aksoy, condamné à plus de deux ans. Les deux hommes, reconnus coupables d’avoir « aidé une organisation terroriste sans en être membres », demeureront libres en attendant le procès en appel. Ils avaient été remis en liberté conditionnelle à la fin octobre après plus de 400 jours passés derrière les barreaux.
« C’est une décision de justice, nous la respectons », a déclaré Atilla Tas à l’énoncé du verdict, avant d’ajouter : « si être dans l’opposition dans un pays est un crime, alors je suis coupable ». Murat Aksoy, quant à lui, a estimé que « la procédure judiciaire n’est pas terminée » et affirmé sa certitude d’être « finalement acquitté ». Les deux hommes étaient jugés avec 27 autres accusés, dont 19 comparaissaient en détention provisoire.
50.000 personnes arrêtées
Treize d’entre-eux, dont l’ancienne rédactrice du quotidien guléniste Zaman, Hanim Büsra Erdal, ont été condamnés à 6 ans et 3 mois d’emprisonnement pour appartenance à une organisation terroriste. Dix ont écopé de sept ans et demi pour cette même accusation.
Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, a estimé que « tout vestige de l’État de droit a disparu en Turquie ». Le pays occupe la 155e place sur 180 au classement de la liberté de la presse établi par RSF. Plus de 50.000 personnes y ont été arrêtées et plus de 140.000 ont été limogées ou suspendues après la tentative de putsch.