FETEVIDEO. A Pékin, la Chine entre dans l'année du Chien sans pétards ni fracas

VIDEO. A Pékin, la Chine entre dans l'année du Chien, sans pétards ni fracas

FETELa lutte contre la pollution a des conséquences sur cette fête traditionnelle…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Pékin a débuté ce vendredi l’année du Chien en silence, sans le fracas des habituels pétards et feux d’artifices, frappés d’une stricte interdiction, et les Chinois semblaient se résigner à voir leur tradition sacrifiée sur l’autel de la lutte anti-pollution.

Des rues désertes patrouillées par la police, sous un ciel obscur que seules perçaient au lointain de rares gerbes d’étincelles : dans la nuit du Nouvel an lunaire de jeudi à vendredi, la capitale de la Chine avait des allures de ville morte.

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« La magie du Nouvel an a disparu, c’est terminé »

Wang, un Pékinois de longue date qui s’est promené dans des ruelles du centre juste après le réveillon familial, ne cache pas sa déception : « je ne pensais pas ce que ce serait aussi calme ! D’habitude, il y a foule ». Sans les pétards, « la magie du Nouvel an a disparu, c’est terminé », abonde Zhu, travailleur migrant originaire du Hebei voisin.

Le contraste est frappant avec les années précédentes, quand les Pékinois allumaient des chapelets de pétards rouges dans les cours des immeubles et sur les trottoirs, tandis que des feux d’artifice illuminaient le ciel sans discontinuer, dans un tonnerre assourdissant et des nuages d’épaisse fumée âcre.

440 villes chinoises ont interdit depuis l’an dernier l’usage des pétards

Mais cette coutume, destinée à faire du bruit pour éloigner les « mauvais esprits », est dans le viseur des autorités, soucieuses d’endiguer les émissions polluantes durant l’hiver. Quelque 440 villes chinoises ont interdit depuis l’an dernier l’usage des pétards et feux d’artifice. Une réglementation adoptée en décembre les bannit dans tout Pékin à l’intérieur du cinquième périphérique, et la municipalité a durci sa répression contre les vendeurs, contraints de s’exiler en banlieue.

La transition a été brutale. « Il y a encore deux ans, on pouvait allumer à sa guise des pétards, de grosses "chandelles", un spectacle exceptionnel », commente Zhu. « Et quand j’étais enfant, c’était tellement plus joyeux ! ». Dans un quartier du centre, Dong Weiwei, un riverain volontaire pour surveiller sa rue, monte la garde malgré le froid glacial, chargé de lancer des avertissements aux contrevenants et d’avertir éventuellement la police.

« Une enfant de huit ans a eu le doigt arraché par une explosion de pétard »

Outre la pollution, « la fumée qui vous prend à la gorge », Dong insiste sur les dangers de ces produits pyrotechniques souvent de piètre qualité. « J’ai vu des gens blessés, une enfant de huit ans qui a eu le doigt arraché par une explosion de pétard », fait-il valoir.

De fait, un autre objectif des autorités est de limiter les accidents récurrents qui ponctuaient chaque année les festivités. Zhang, un jeune étudiant, se dit lui déchiré entre son souci environnemental et ses souvenirs d’enfance, quand il observait émerveillé les feux d’artifice tirés en masse près du Stade des travailleurs.

« La qualité de l’air, c’est ce qui compte le plus pour les gens désormais »

« C’était magnifique, mais chaque année, il y avait à Pékin des incendies, des vitres d’immeubles brisées, et le sol était jonché des débris des pétards explosés, quel fardeau ! », déclare-t-il, interrogé durant la nuit. « Cela me manque, ce sont des souvenirs gravés dans mon cœur, mais il faut regarder la situation d’ensemble », philosophe le jeune homme.

Les Chinois ont coutume d’allumer des pétards aux grandes occasions, comme les mariages. « Depuis toujours, j’en faisais exploser fréquemment, mais l’époque a changé (…) la qualité de l’air, c’est ce qui compte le plus pour les gens désormais », se résigne enfin Wang.