ANTIFASCISMEDes manifestants par milliers contre le fascisme en Italie

Italie : Des manifestants par milliers contre le fascisme à Macerata et dans toute la péninsule

ANTIFASCISMEDes milliers d’Italiens ont manifesté contre le fascisme, une semaine après une fusillade à caractère raciste dans la petite commune de Macerata…
Floréal Hernandez

F.H. avec AFP

L'essentiel

  • Il y a une semaine, Luca Traini, un jeune homme au crâne rasé et aux tatouages d’inspiration fasciste, a tiré sur une dizaine d’Africains.
  • Six personnes ont été blessées lors de cette fusillade.
  • Ce fait divers a remis l’immigration au cœur d’une campagne des élections législatives qui se tiennent le 4 mars.

Il y a une semaine, une fusillade à caractère raciste a fait six blessés à Macerata, petite ville du centre de l'Italie​. Ce samedi, des milliers de manifestants ont défilé dans les rues de la commune contre le fascisme. Dans d’autres villes de la péninsule, des rassemblements plus petits ont eu lieu, comme à Milan, où une manifestante a brandi une pancarte implorant : « Etrangers, ne nous laissez pas seuls avec les fascistes ». De brèves violences ont éclaté entre plusieurs dizaines de manifestants antifascistes et les forces de l’ordre à Piacenza.

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A Macerata où les autorités redoutaient des débordements, les manifestants venus parfois de loin ont défilé sous un froid soleil à l’appel d’associations antifascistes, d’ONG, de syndicats mais aussi de quelques formations politiques de gauche.

Macerata (Italie).
Macerata (Italie). - Maps4News

Ecoles fermées et messe annulée

Beaucoup ont agité des drapeaux rouges et noirs en chantant « Bella ciao » et d’autres classiques de l’antifascisme, mais certains avaient aussi apporté des drapeaux italiens. « S’il y a des chômeurs, c’est la faute du gouvernement, pas des migrants », ont-ils scandé.

Le maire de Macerata, Romano Carancini (centre gauche), avait demandé l’annulation de tous les rassemblements pour laisser la ville souffler, mais la préfecture a donné son feu vert vendredi soir pour celui de samedi, à condition que le cortège évite le centre historique.

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Par crainte de violences, les écoles sont restées fermées, la messe du samedi soir a été annulée et la plupart des commerces ont fermé à la mi-journée. Le dispositif policier était discret, même si un hélicoptère a longtemps survolé la ville.

« Nous avons une Constitution antifasciste par excellence »

Jeudi soir, des heurts avaient éclaté quand plusieurs dizaines de militants du groupuscule d’extrême droite Forza Nuova ont manifesté contre l’immigration et adressé le salut fasciste à la police.

Giuliano Denti, un jardinier de 40 ans venu de Pise avec une centaine de militants antifascistes pour manifester samedi, s’est emporté contre l’incident. « Nous avons une Constitution antifasciste par excellence et je voudrais que cette Constitution soit défendue et que les lois contre l’apologie du fascisme soient appliquées », a-t-il déclaré.

De nombreux manifestants d’origine africaine ont défilé, des migrants réclamant une régularisation mais aussi des personnes installées en Italie depuis des années et dénonçant un racisme diffus. « Il est singulier que les palais du pouvoir aient assimilé fascisme et antifascisme, c’est comme ça que l’on donne de l’oxygène au fascisme », a regretté Oladejo Olawale, un Nigérian vivant depuis 35 ans en Italie et candidat d’un parti de gauche à Imola (nord). « Mes filles de 16 et 19 ans reçoivent des insultes racistes. Nous avons peur », a-t-il ajouté.

Les élections législatives se tiennent dans moins d’un mois

Il y a une semaine, Luca Traini, un jeune homme au crâne rasé et aux tatouages d’inspiration fasciste, a tiré sur une dizaine d’Africains à travers la ville, faisant au moins six blessés. Il a affirmé avoir agi pour venger la mort de Pamela Matropietro, une jeune fille de 18 ans dont le corps a été retrouvé découpé en morceaux, après l’annonce de l’arrestation d’un dealer nigérian soupçonné d’être impliqué dans ce crime.

Deux autres Nigérians ont été arrêtés depuis et le procureur a annoncé samedi que l’enquête était « close » et qu’il s’agissait probablement d’un homicide volontaire, alors que la thèse d’une overdose avait été évoquée.

A trois semaines des élections législatives du 4 mars, ce fait divers et la fusillade raciste ont remis l’immigration au cœur d’une campagne désormais dominée par des discours très à droite.