VIDEO. Corée du Nord: Une ex-espionne du régime témoigne de l'enlèvement de Françaises par Pyongyang
COREE DU NORD•En tout, trois Françaises auraient été kidnappées par la Corée du Nord, selon une association japonaise...M.C.
«Je me souviens qu’elle était très belle, et qu’elle avait de grands yeux bleus. » Selon le témoignage de Kim Hyon-hui, diffusé mercredi dans l’émission Pièces à conviction sur France 3, au moins une Française figurerait parmi les centaines d’étrangers « disparus », que le régime de Pyongyang est accusé d’avoir enlevés entre les années 1960 et 1980.
Kim Hyon-hui, qui avait déjà évoqué la présence d’une Française en Corée du Nord, est une ancienne espionne nord-coréenne repentie. Condamnée à mort pour avoir posé une valise piégée dans un avion de la compagnie Korean Air, un attentat qui a fait 115 morts le 29 novembre 1987, elle a par la suite été graciée, en échange d’informations sur le régime de Pyongyang. Elle avait notamment confirmé la présence en Corée du Nord de Yaeko Taguchi, une Japonaise enlevée à Tokyo en juin 1978 à l’âge de 22 ans.
« Elle avait été séduite par un espion de chez nous »
Le témoignage de l’ex-espionne, diffusé sur France 3, est sans équivoque : « Il y a eu des Français kidnappés par la Corée du Nord, et j’ai même vu une photo », déclare-t-elle à Tsutomu Nishioka, président d’une association pour le sauvetage des Japonais kidnappés par la Corée du Nord.
« Un jour, raconte-t-elle, j’étais dans une de nos résidences réservées à Pyongyang, et il y avait une cuisinière. Elle m’a raconté qu’auparavant, une Française habitait cette maison. Elle avait été séduite par un espion de chez nous. Il l’avait convaincue de venir avec lui, et elle s’était retrouvée à Pyongyang. […] Elle a protesté en hurlant. […] Les officiers ont été obligés de la frapper. Elle pleurait tellement. La cuisinière m’a même montré une photo d’elle. »
200.000 étrangers enlevés, selon un rapport de l’ONU
Selon plusieurs témoignages recueillis par Tsutomu Nishioka, trois Françaises auraient été enlevées en tout, pour qu’elles enseignent leur langue aux espions du régime de Pyongyang. Ce chercheur japonais dit avoir signalé ces cas à plusieurs reprises à l’ambassade de France à Tokyo. Paris n’a pas confirmé la réalité de ces kidnappings.
Une association de soutien aux familles estime que la disparition de quelque 470 Japonais pourrait être liée à la Corée du Nord. Mais Pyongyang a seulement avoué en 2002 l’enlèvement de 13 Japonais dans le but de former ses espions à la langue et aux coutumes japonaises. Le gouvernement japonais en compte, lui, au moins 17. Cinq Japonais ont à l’époque été autorisés à rentrer au Japon. Pyongyang affirme que les huit autres sont morts mais n’a pas fourni de preuves.
Un rapport de 2014 de l’Organisation des Nations unies sur les droits de l’Homme en Corée du Nord estime que 200.000 personnes d’autres pays ont été enlevées. La plupart sont des Sud-Coréens bloqués dans le Nord après la division du pays et la guerre de Corée de 1950-1953. Des centaines d’autres, dont des femmes du Liban, de Thaïlande, de Malaisie, de Singapour, de Roumanie et de France ont été enlevées ou ont disparu en séjournant en Corée du Nord entre les années 1960 et 1980, précise le rapport de l’ONU.