La situation est catastrophique. Après trois ans de sécheresse, la pire depuis un siècle, Le Cap, deuxième ville d’Afrique du Sud, pourrait se retrouver sans eau dans les prochaines semaines.

Les robinets pourraient être à sec et les habitants contraints de faire la queue pour recevoir leur ration quotidienne d’eau, sous la protection de la police, d’ici au 12 avril. Ce sera alors le « Jour Zéro ».

« Peur et anxiété »

En novembre, il avait été fixé au 13 mai. Depuis, la situation n’a cessé d’empirer et la mairie a été obligée d’avancer à plusieurs reprises la date fatidique. Le niveau d’eau dans les barrages, première source d’approvisionnement de la mégapole de 4 millions d’habitants, est en effet dramatiquement bas.

« On se retrouve dans une situation sans précédent », a constaté mercredi Mmusi Maimane, chef de l’Alliance démocratique (DA), le parti d’opposition qui gère Le Cap. « Le Jour Zéro est une possibilité bien réelle » et il suscite « peur et anxiété ».

Cinquante litres d’eau par jour et par personne

Car la ville a beau avoir réduit de moitié sa consommation d’eau de 1,1 milliard de litres par jour en 2016 à environ 586 millions de litres actuellement, ses efforts restent largement insuffisants. Pourtant, seuls 40 % des habitants du Cap consomment les 87 litres d’eau qui leur sont actuellement alloués par jour et par personne.

Pour tenter d’éviter le scénario catastrophe, la municipalité a notamment lancé des forages dans des nappes aquifères et ordonné aux Captoniens de réduire encore de 40 % leur consommation d’eau. A compter du 1er février, leur seront alloués 50 litres par jour et par personne. L’équivalent d’une douche d’environ trois minutes. Et en prévision du Jour J, 200 points d’eau où la population pourra collecter 25 litres d’eau potable par jour sont actuellement mis en place.

Plus d’eau dans les carafes

Marna Esterhuizen, 40 ans, elle, a renoncé aux longues douches. « J’ai maintenant un minuteur dans la salle de bains pour m’assurer que je ne dépasse pas les deux minutes », explique cette mère de famille qui dénonce les comportements « arrogants et irréfléchis » de ceux qui ne se plient pas aux restrictions.

Et tous les moyens sont bons pour économiser de l’eau. Certains restaurants ne servent plus d’eau en carafe et encouragent les clients à ne tirer la chasse d’eau qu’en cas d’extrême nécessité.

Le retour de la pluie est donc vital alors que la région du Cap reçoit généralement l’essentiel de ses précipitations de mai à août. Mais compte tenu de ce très long épisode de sécheresse, « on ne peut pas prédire quand il va pleuvoir », a prévenu Helen Zille, la dirigeante de la province du Cap-Occidental, avant de lancer un SOS. « Nous devons sauvegarder l’eau car nos vies en dépendent ».