GOUVERNEMENTUn «shutdown» de l'Etat fédéral américain n'est pas la fin du monde

Etats-Unis: Pourquoi un éventuel «shutdown» n'est pas la fin du monde

GOUVERNEMENTTant qu'elle ne dure pas, la paralysie de l'Etat fédéral, qui sera effective faute d'un accord trouvé avant minuit vendredi, n'a pas de conséquences dramatiques...
Philippe Berry

Philippe Berry

Chaque fois, c’est le même refrain. Le parti au pouvoir hurle qu’il va y avoir des morts, qu’il en va de la sécurité nationale et que l’opposition devrait avoir honte de prendre en otage le budget et le pays. Mais en réalité, s’il y a un « shutdown » de l’Etat fédéral américain faute d’un accord au Congrès d’ici vendredi à minuit, ça ne sera pas l’apocalypse. Pour éviter de faire tache en jouant au golf pendant que les fonctionnaires sont mis au chômage technique, Donald Trump a cependant annulé son week-end en Floride pour rester à Washington, vendredi, afin de mettre la pression sur les sénateurs.

L’armée et le renseignement continuent de fonctionner

Un « shutdown », c’est une fermeture des administrations fédérales quand il n’y a pas d’accord sur l’enveloppe budgétaire pour financer l’Etat. En décembre, le Congrès avait voté un prolongement d’un mois. Mais si aucun accord, temporaire ou de long terme, n’est trouvé, les fonctionnaires jugés « non essentiels » devront rester chez eux.

Cela signifie que l’armée et le renseignement américain continuent de fonctionner, ainsi que la justice, la police, le transport aérien, les services postaux, le ministère des anciens combattants et ses hôpitaux. En revanche, plus de 3,5 millions de fonctionnaires (services administratifs, employés de la défense, parcs et musées) se retrouveraient au chômage technique. En général, comme pendant le shutdown de 2016, qui avait duré deux semaines, ils sont toutefois payés rétroactivement, à condition que la mesure soit approuvée par le Congrès.

Pas d’impact économique majeur

Le « shutdown » n’aura pas de conséquences sur la note (AAA, la plus haute) des Etats-Unis, selon l’agence de notation Fitch et vendredi, les marchés ne semblaient pas inquiets. En 2013, la Maison Blanche avait estimé entre 2 et 6 milliards de dollars la perte de production provoquée par la fermeture. En revanche, si la situation s’éternisait au-delà de deux semaines, l’impact économique serait plus important.

Les républicains ont une majorité insuffisante

Donald Trump accuse les démocrates d’être responsables de la situation, car ces derniers refusent de voter sans accord pour régulariser les 800.000 « dreamers », ces jeunes sans-papiers au cœur d’une bataille qui dure depuis plusieurs mois. Mais en réalité, les deux partis jouent une partie de poker menteur.

La Chambre des représentants a déjà voté pour éviter une fermeture de l’Etat, et le parti conservateur a la majorité au Sénat. Le problème, que pour éviter l'obstruction parlementaire, il faut un vote à la majorité des deux tiers (60 voix), soit neuf voix démocrates à trouver. Mais plusieurs sénateurs républicains, comme Lindsay Graham et Jeff Flake, refusent de voter pour repousser le problème d’un mois. Ils veulent un accord définitif, pour l’année complète. Donald Trump, qui, a écrit The Art of Deal, a entamé un dialogue de dernière minute avec le patron des démocrates, Chuck Schumer. Tic, toc, l’heure tourne.