La Chine parle de «lutte à mort» au Tibet, le dalaï lama demande l'aide internationale
CONFLIT- Alors que la Chine resserre l'étau militaire sur le Tibet, le leader spirituel en appelle à la médiation internationale...Sa. C. avec agence
La Chine durcit le ton. «Nous menons une lutte à mort avec la clique du dalaï lama», a affirmé l'homme fort du Tibet, le numéro un du Parti communiste Zhang Qingli, cité mercredi par le «Quotidien du Tibet».
>> Retrouvez notre dossier sur le conflit
Cette diatribe survient alors que les appels se multiplient à l'étranger pour que la Chine dialogue avec le dalaï lama, leader spirituel des Tibétains et Prix Nobel de la Paix.
Celui-ci a demandé mercredi le soutien de la communauté internationale. «Je cherche aussi l'appui de la communauté internationale à nos efforts pour résoudre les problèmes du Tibet par le dialogue et je la presse d'appeler les dirigeants chinois à la plus grande retenue face aux troubles actuels,» a-t-il déclaré.
Le Premier ministre britannique Gordon Brown s'est dit prêt mercredi à rencontrer le dalaï-lama au cours de sa prochaine visite à Londres. Une annonce aussitôt saluée par des militants de la cause tibétaine, mais susceptible de nuire aux relations entre Londres et Pékin.
Nouvelles agitations dans la province du Gansu
Dans la matinée, Tenzin Taklha, conseiller du dalaï lama, avait rappelé l'attachement du leader tibétain à une solution non-violente au Tibet, alors que de nouveaux soulèvements ont eu lieu.
Mercredi, un millier de Tibétains, à cheval ou à pied, ont envahi un village isolé du Gansu (nord-ouest de la Chine). Ils ont tenté de s'attaquer à un bâtiment officiel et hissé le drapeau tibétain dans l'école, selon des images de la télévision canadienne CTV accessibles mercredi sur Youtube.
Le dalaï lama dans le viseur
Dans ce discours particulièrement violent prononcé mardi - où Zhang a qualifié le dalaï lama de «loup enveloppé dans une bure de moine» et de «monstre à face humaine mais au coeur d'animal» -, il a également appelé les responsables à ne pas baisser la garde. «Actuellement, nous menons une lutte intense de sang et de feu avec la clique du dalaï lama, une lutte à mort», a-t-il lancé.
Mardi, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a affirmé avoir «les preuves» que les émeutes de Lhassa avaient été «fomentées et organisées par la clique du dalaï lama» pour «saboter les jeux Olympiques» de Pékin en août. Cible des critiques incessantes, le dalaï lama a menacé mardi de démissionner.
Reddition de 105 manifestants
Les autorités chinoises ont affirmé que 105 personnes impliquées dans les manifestations de vendredi à Lhassa s'étaient rendues mardi soir, selon l'agence Chine Nouvelle. Les autorités avaient donné aux manifestants impliqués dans les violences de vendredi jusqu'à 23h (16h françaises), mardi, pour se rendre, promettant la clémence, a précisé l'agence officielle. De leur côté, les groupes pro-tibétains évoquent des centaines d'arrestations.
Et la bataille des chiffres continue entre les deux camps: alors que le bilan officiel des émeutes dans la capitale du Tibet est de 13 morts, vendredi, les Tibétains en exil parlent de 100 morts, voire de centaines de victimes, non seulement au Tibet mais dans d'autres régions où les manifestations se sont propagées.