PEINE CAPITALEEchec de l'exécution d'un condamné américain gravement malade

Ohio: Echec de l'exécution d'un condamné américain gravement malade

PEINE CAPITALEDes militants associatifs ont dénoncé une séance de « torture »…
Florence Floux

Florence Floux

L’Etat américain de l’Ohio a dû suspendre mercredi sa tentative d’exécuter un condamné de 69 ans gravement malade, les agents pénitentiaires ne parvenant pas à lui trouver une veine permettant la perfusion des substances mortelles.

Alva Campbell, condamné à la peine capitale pour le meurtre d’un jeune homme de 18 ans en 1997, a été soumis à une séance de « torture », sanglé sur son lit d’exécution, ont dénoncé des militants associatifs.

Impossible de trouver une veine

Durant de longues minutes, les agents ont tenté de poser sur un bras ou une jambe du prisonnier un cathéter veineux, afin d’administrer l’injection létale, selon des journalistes locaux témoins de la scène. Ils ont finalement renoncé, un événement rarissime dans les annales des exécutions en Amérique.

« Les tentatives de pose d’une intraveineuse se sont soldées par un échec. Une nouvelle date d’exécution va être fixée », a confirmé JoEllen Smith, la porte-parole des services pénitentiaires de l’Etat. « C’est un jour que je n’oublierai jamais », a ensuite confié le condamné, selon son avocat David Stebbins cité par le Dayton Daily News.

Cinquième exécution ratée

L’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) de l’Ohio a dénoncé dans un communiqué la séance de « près de deux heures de torture » infligée au détenu, qui avait été transporté en fauteuil roulant jusqu’à la salle d’exécution.

« Il s’agit de la cinquième exécution ratée en Ohio en quelques années, et c’est la deuxième fois que l’Etat n’arrive pas à aller jusqu’au terme d’une exécution. Ce n’est pas ça la justice et ce n’est pas humain », a commenté Mike Brickner, un responsable de l’organisation de défense des droits et libertés.

« Aujourd’hui l’Etat a tourné en spectacle la vie d’un homme », a-t-il poursuivi, en appelant l’Ohio à déclarer un moratoire sur la « pratique cruelle » des injections létales. Campbell était tellement diminué sur le plan de la santé qu’il avait été prévu un oreiller médical spécial, de forme biseautée, pour l’aider à respirer… le temps de l’injection létale.

Pas de suspension pour raisons de santé

Ses avocats avaient demandé, en vain, que son exécution soit suspendue vue sa condition. Leur client, avaient-ils plaidé, souffre d’une grave insuffisance pulmonaire et a besoin de quatre traitements d’assistance respiratoire quotidiens. Il est équipé d’une poche de colostomie, ne peut se déplacer sans déambulateur et a peut-être un cancer des poumons.

Mais les autorités de l’Ohio ne considéraient pas cela comme rédhibitoire. « L’état de santé et l’évolution médicale de M. Campbell sont évalués afin de prendre les mesures de protection nécessaires adaptées pour son exécution », avait expliqué mardi JoEllen Smith.

Un acte « barbare »

Selon une chronologie transmise par l’administration pénitentiaire de l’Ohio, un examen pratiqué une heure avant l’exécution prévue avait permis de localiser sur les membres de Campbell des veines palpables et censées être assez solides pour la perfusion. L’exécution avortée de Campbell conforte les militants contre la peine de mort, qui dénonçaient un acte « barbare » et avaient appelé le gouverneur de l’Ohio, John Kasich, à épargner la vie du détenu. « John Kasich et les tribunaux auraient dû écouter les avocats d’Alva », a tweeté mercredi Helen Prejean, une religieuse catholique connue pour son combat contre la peine capitale.

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Soumis à de multiples brimades durant son enfance, élevé par des parents alcooliques et violents, Alva Campbell avait été reconnu coupable d’un premier homicide et avait purgé 20 ans de réclusion. En liberté conditionnelle, il avait été arrêté en 1997 pour un vol accompagné de circonstances aggravantes. De nouveau derrière les barreaux, il avait feint une paralysie pour être accompagné en chaise roulante à une audience au tribunal. Il était alors parvenu à s’enfuir après s’être emparé de l’arme d’une agente du shérif. Alva Campbell avait alors braqué la voiture d’un jeune homme de 18 ans, Charles Dials, qu’il avait pris en otage puis abattu.