Etats-Unis: Accusé d'agressions sexuelles, un candidat républicain au Sénat appelé à se désister
ETATS-UNIS•Les appels se multiplient jusque dans son propre camp pour qu’il renonce à sa candidature...M.C. avec AFP
Une nouvelle femme a accusé lundi d’agression sexuelle le candidat républicain au Sénat Roy Moore, alors que les appels se multipliaient jusque dans son propre camp pour qu’il renonce à sa candidature.
L’ancien magistrat ultra-conservateur, candidat à la sénatoriale du 12 décembre dans l’Alabama, sa région d’origine dans le sud des Etats-Unis, avait déjà fait l’objet d’accusations. Le Washington Post avait ainsi publié jeudi le témoignage d’une femme affirmant avoir été victime d’attouchements au domicile de Roy Moore en 1979, alors qu’elle n’avait que 14 ans.
Les accusations se multiplient
Le quotidien de la capitale fédérale avait également ouvert ses colonnes à trois autres femmes, qui témoignaient avoir chacune eu des rendez-vous galants avec celui qui était alors procureur adjoint - alors qu’elles étaient âgées de 18 ans ou moins. Elles ont dit qu’il n’y avait pas eu de contacts sexuels mais plusieurs ont dit avoir été embrassées.
Lundi, une autre femme, Beverly Nelson, 55 ans, a affirmé lors d’une conférence de presse à New York que Roy Moore l’avait agressée sexuellement un soir de janvier 1978, alors qu’elle n’avait que 16 ans. Elle a indiqué qu’il avait tenté de la violer dans sa voiture.
Selon cette femme, qui était alors serveuse dans un restaurant de Gadsden (Alabama), Roy Moore l’aurait subitement agrippée par la nuque pour tenter de la forcer à lui faire une fellation. Beverly Nelson dit s’être débattue vigoureusement avant que le magistrat, qui avait alors 30 ans, ne renonce. « Tu es une enfant », lui aurait-il dit avant de la laisser partir. « Je suis procureur du comté d’Etiwah. Si tu racontes ça à qui que ce soit, personne ne te croira. » En vertu des lois de l’Alabama, les faits allégués sont prescrits au civil comme au pénal.
Le chef des sénateurs républicains appelle Moore à se retirer
Beverly Nelson a demandé, par la voix de son avocate, à ce que la commission judiciaire du Sénat convoque une audition dans les deux semaines pour lui permettre de témoigner, ainsi que les quatre autres femmes qui ont accusé Roy Moore. Pour ne pas donner l’air de participer à une cabale politique contre un membre du parti républicain, la quinquagénaire a précisé qu’elle avait « soutenu Donald Trump ».
Avant même cette nouvelle accusation, le chef de file républicain au Sénat Mitch McConnell avait déclaré que Roy Moore devait « se retirer » sans condition de la course au Sénat. Vendredi, il demandait encore de façon moins tranchée à ce que Roy Moore se retire « si ces allégations (étaient) vraies ». Le conditionnel n’est plus d’actualité pour le chef de la majorité : « Je crois les femmes », a déclaré lundi le puissant chef républicain.
a« La personne qui devrait se retirer, c’est Mitch McConnell », a répliqué via Twitter, du tac au tac, Roy Moore, qui est soutenu par l’ex-conseiller présidentiel Stephen Bannon. « Il a trahi les conservateurs et doit être remplacé », a-t-il ajouté.
S’il était élu, « le Sénat devrait l’exclure »
Mais à Washington, de plus en plus de voix républicaines s’élevaient pour demander à l’ancien magistrat de renoncer à briguer un siège au Sénat. La quasi-totalité du groupe majoritaire de la chambre haute du Congrès lui a retiré son soutien. Le responsable de la campagne républicaine des sénatoriales, Cory Gardner, a même suggéré que si Roy Moore se maintenait et était élu le 12 décembre, « le Sénat devrait l’exclure » - ce qui serait une première pour un sénateur fraîchement élu.
Un autre élu est allé encore plus loin, le sénateur Jeff Flake de l’Arizona : « Si le choix doit se faire entre Roy Moore et un démocrate, ce sera le démocrate, sans hésitation », a-t-il dit lundi au Capitole à Washington.
Plusieurs républicains voudraient forcer Roy Moore à laisser sa place au sénateur sortant Luther Strange, qui avait perdu la primaire. Une voie possible serait d’appeler à voter Luther Strange comme candidat libre, les électeurs ayant la possibilité d’inscrire à la main son nom sur leur bulletin de vote (« write-in »).
Quant à la Maison Blanche, sa porte-parole Sarah Sanders avait indiqué vendredi, alors que Donald Trump était en tournée en Asie, que si les allégations étaient vraies, Roy Moore « devrait faire ce qu’il faut faire et se retirer ». L’exécutif américain n’a pas fait d’autre commentaire sur cette affaire depuis.