POLITIQUEHillary Clinton toujours dans le déni sur sa défaite

Hillary Clinton toujours dans le déni sur sa défaite face à Donald Trump

POLITIQUEDans son livre-autopsie, paru mercredi, la candidate n'accepte qu'une part de responsabilité limitée...
Le 9 octobre 2016 lors d'un débat entre Hillary Clinton et Donald Trump. Rick T. Wilking/Pool via AP.
Le 9 octobre 2016 lors d'un débat entre Hillary Clinton et Donald Trump. Rick T. Wilking/Pool via AP. - Rick T. Wilking/AP/SIPA
Philippe Berry

Philippe Berry

L'essentiel

  • Clinton fait l'analyse de sa défaite dans le livre Ça s'est passé comme ça, sorti mercredi.
  • Elle accepte sa part de reponsabilités mais accuse surtout la Russie et James Comey.
  • Les chiffres montrent qu'elle était aussi impopulaire que Donald Trump et n'a pas autant mobilisé que Barack Obama.

Ça s'est passé comme ça. Dans son livre, paru jeudi dans le monde entier (chez Fayard en France), Hillary Clinton fait l'autopsie d'une défaite qui a secoué la planète. En pleine tournée promotionnelle, elle reprend les mêmes argument sur les plateaux télé et tient tout le monde responsable: Donald Trump, James Comey, la Russie, WikiLeaks, et même Bernie Sanders et Barack Obama. Mais avec le manque de recul d'un livre écrit à chaud, elle semble minimiser la responsabilité la plus importante: la sienne.

Petit mea culpa

Axios compile la liste des 16 responsables mis en avant par Clinton. Voici les principaux:

  • La Russie et WikiLeaks: «Vladimir Poutine voulait influencer notre élection», et les emails publiés au compte-gouttes par Julian Assange ont «entretenu les doutes» sur son intégrité.
  • Le directeur du FBI: «Le facteur déterminant a été l'intervention de James Comey le 28 octobre» en annonçant précipitamment la réouverture de l'enquête sur ses emails alors que les nouveaux courriers découverts étaient en fait des doublons. «Sans cette intervention, j'aurais gagné», conclut Clinton.
  • Donald Trump: Le candidat républicain a mené sa campagne «comme une émission de téléréalité et nourri les peurs des Américains» sur l'islam, les Mexicains sans-papiers, les réfugiés et la mondialisation.
  • Le sexisme et la misogynie: Trump, Poutine, l'alt-right... Hillary Clinton estime avoir été victime «d'attaques sexistes et misogynes».
  • Bernie Sanders et Barack Obama: Elle reproche au candidat socialiste «ses attaques qui ont laissé des traces» et ne ne pas l'avoir pleinement soutenue. Et elle aurait souhaité que Barack Obama «fasse une intervention télévisée pour annoncer que notre démocratie était attaquée» par la Russie.
  • Elle-même: Du bout des lèvres, Clinton concède qu'elle a fait des erreurs en «menant une campagne trop traditionnelle» et avec ses «foutus emails». Elle regrette également d'avoir qualifié les supporteurs de Donald Trump de «déplorables» et avoir dit qu'elle mettrait les mineurs au chômage. On trouve toutefois un éclair de lucidité dans le livre quand elle écrit: «C'était moi la candidate, c'était ma campagne, c'étaient mes décisions. C'était moi la responsable.»

L'élection n'aurait jamais due être aussi serrée

Donald Trump n'a évidemment pas manqué de la tacler sur Twitter: «Pour Hillary la malhonnête, c'est de la faute de tout le monde sauf de la sienne. Elle a perdu les débats et elle a perdu le nord».

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Chris Edelson, professeur de sciences politiques à l'American University de Washington, n'est pas entièrement d'accord: «Elle accepte sa part de responsabilité. Mais on peut se demander pourquoi la course était aussi serrée avant l'annonce de Comey, et les failles de Clinton ont certainement pesé.»

La réalité, c'est qu'Hillary Clinton était une candidate presque aussi impopulaire que Donald Trump: sa cote de popularité reste d'ailleurs à 41%, au niveau de celle du président américain. Lors des débats, elle a passé plus de temps à jouer sur la peur d'un Donald Trump avec le doigt sur le bouton nucléaire qu'à expliquer son projet économique. Et contrairement à son mari ou à Barack Obama, elle n'a jamais réussi à fendre l'armure ni à faire preuve d'empathie.

Résultat: la coalition d'Obama ne s'est pas autant mobilisée, avec une participation en baisse chez les jeunes, les noirs et les latinos. La démocrate aime rappeler qu'elle a remporté le vote populaire. Mais la réalité, c'est que Donald Trump a fait un moins bon score que Mitt Romney, et que Clinton a obtenu 3% de moins qu'Obama. Trump n'a pas remporté l'élection. C'est Clinton qui l'a perdue.