JUSTICEEtats-Unis: Un condamné à mort échappe de justesse à son exécution

Etats-Unis: Un condamné à mort échappe de justesse à son exécution

JUSTICEFace aux doutes sur la culpabilité de Marcellus Williams, le gouverneur du Missouri a institué une commission d'enquête...
Philippe Berry

P.B. avec AFP

Marcellus Williams peut respirer. Le gouverneur du Missouri a institué mardi une commission d'enquête chargée d'examiner le cas d'un Afro-Américain condamné à mort, quelques heures seulement avant l'exécution prévue du prisonnier.

«La peine capitale est le châtiment ultime et permanent. Pour procéder à une mise à mort, la population du Missouri doit avoir pleine confiance dans le jugement de culpabilité», a justifié dans un communiqué Eric Greitens. Ce gouverneur républicain a ainsi offert un sursis inespéré à Marcellus Williams, qui avait été reconnu coupable d'avoir poignardé Felicia Gayle, une femme blanche et ancienne reporter, en août 1998. Le détenu de 48 ans aurait dû recevoir une injection létale mardi soir.

L’ADN d’un autre homme sur l’arme du crime

Les avocats du condamné avaient déposé un ultime recours devant la Cour suprême. Selon eux, une récente analyse ADN réalisée sur l’arme du crime a permis de développer un profil masculin qui ne correspond pas à celui de Marcellus Williams. Des échantillons capillaires prélevés sur le théâtre du crime sont également différents de ceux du condamné, ainsi que des empreintes de chaussures.

Pour les procureurs, l’affaire est pourtant claire : ayant l’intention de perpétrer un cambriolage, Marcellus Williams est entré par effraction au domicile de Felicia Gayle, en banlieue de Saint-Louis. Il a alors surpris la femme de 42 ans sortant de sa douche. Celle-ci s’est défendue et il lui a porté 43 coups de couteau. Pour le bureau du ministre de la Justice de l’Etat, la nouvelle analyse « ne prouve pas que Williams est innocent ». Selon la théorie des procureurs, « il ne serait pas surprenant que Williams ait porté des gants quand il a commis le cambriolage et le meurtre ».

Des affaires de la victime en sa possession

A son procès en 2001, le suspect avait été condamné d’abord et surtout sur la base de deux témoignages l’accusant du meurtre, émanant d’un détenu ayant partagé sa cellule et d’une de ses ex-compagnes, Laura Asaro. Surtout, Williams avait revendu l’ordinateur du mari de Felicia Gayle et la police avait retrouvé des effets personnels de la victime dans le coffre de sa voiture. Mais selon ses avocats, le condamné côtoyait à l’époque des marginaux et des petits délinquants chez qui l’échange du fruit de cambriolages est courant.

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Pour la NAACP, première organisation de défense des Noirs américains, l’affaire Marcellus Williams regroupe « tous » les travers souvent constatés dans les condamnations pénales des Noirs : « l’injustice raciale, les disparités dans la défense et la sentence, les fautes des procureurs ». L’accusé avait été condamné par un jury composé de 11 Blancs et un Noir, après que six jurés noirs eurent été écartés lors d’un processus de récusation controversé.