DIPLOMATIEIran: Les Etats-Unis réclament la libération de tous les détenus américains

Washington réclame à l'Iran la «libération immédiate» de tous les prisonniers américains

DIPLOMATIEUn ressortissant américain accusé d'«infiltration» a été condamné ce dimanche à dix ans de prison en Iran…
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Les Etats-Unis réclament à l' Iran la « libération immédiate » de tous les Américains « injustement détenus » par la République islamique, a indiqué dimanche à l’AFP un responsable du département d’Etat après qu’un Américain accusé d'« infiltration » eut été condamné à dix ans de prison par la justice iranienne.

Des « poursuites inventées »

« Le régime iranien continue de détenir des ressortissants américains et d’autres étrangers sur la base de poursuites inventées en matière de sécurité nationale », a tonné ce responsable dans un contexte de très nette crispation entre Washington et Téhéran depuis l’arrivée au pouvoir du président Donald Trump.

Un peu plus tôt, ce dimanche, un ressortissant américain accusé d'« infiltration » a été condamné à dix ans de prison en Iran. Le porte-parole de la justice, Gholamhossein Mohseni-Ejeie, n’a pas précisé l’identité de l’Américain ni la date de son arrestation, ni fourni de détails sur cette « mission d’infiltration ». Il a souligné en outre qu’il détenait une « autre nationalité ».

Selon l’agence Mizanonline, qui dépend de l’autorité judiciaire, la personne arrêtée s’appelle Xiyue Wang et possède la nationalité américaine mais aussi chinoise car née à Pékin. « Il fournissait des informations de terrain sous forme d’articles publiques, confidentiels et très confidentiels à l’équipe de recherche du département d’Etat américain », selon cette agence qui a publié sa photo.

Arrêté le 8 août 2016

Selon l’agence, il travaillait aussi avec divers centres de recherche, notamment « l’école Kennedy de l’université Harvard », « le Centre d’études sur l’Iran et le Golfe persique de Sharmin et Bijan Mossavar-Rahmani » ou encore « le Centre d’études iraniennes de l’université de Tel-Aviv (…) pour identifier des thèmes en vue d’un renversement en douceur » du régime iranien. « Cet espion américain avait pour mission de collecter des informations et des documents secrets » sur l’Iran, a ajouté l’agence qui précise qu’il a été arrêté le 8 août 2016.

« L’Américain a été identifié et arrêté par les services de renseignement. Il était venu pour une mission d’infiltration et a été condamné à dix ans de prison », a déclaré Gholamhossein Mohseni-Ejeie lors d’une conférence de presse retransmise par la télévision d’Etat. « Cet individu était guidé directement par les Américains » dans sa mission, a-t-il ajouté. L’Américain « a fait appel de sa condamnation », a-t-il poursuivi en soulignant qu’il donnerait des détails supplémentaires sur cette affaire « une fois la peine confirmée ».

« Espionnage »

Deux ressortissants irano-américains, l’homme d’affaires Siamak Namazi et son père Mohammad Bagher Namazi, ont été condamnés en octobre 2016 avec quatre autres personnes à dix ans de prison pour « espionnage » au profit de Washington. Siamak Namazi avait été arrêté en octobre 2015. Son père, Bagher, aujourd’hui âgé de 81 ans et qui avait travaillé pour l’Unicef, avait été interpellé en février 2016 alors qu’il était venu en Iran pour tenter d’obtenir la libération de son fils.

Les Etats-Unis ont demandé à plusieurs reprises la libération immédiate des deux hommes. Washington demande aussi la coopération de Téhéran dans le cas de Robert Levinson, un ancien agent du FBI, porté disparu en Iran depuis 2007.

En janvier 2016, quatre Irano-américains, dont le journaliste du Washington Post Jason Rezaian accusé d’espionnage et l’ex-Marine Amir Hekmati, ont été libérés et échangés contre sept Iraniens poursuivis aux Etats-Unis. Un cinquième Américain a été relâché en parallèle mais hors du cadre de cet échange. Les sept Iraniens poursuivis aux Etats-Unis ont bénéficié de mesures de clémence.

Une « menace » régionale

L’Iran et les Etats-Unis n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980 et leurs rapports se sont envenimés après l’arrivée au pouvoir du président américain Donald Trump qui a, avec le Congrès, a adopté une position hostile à l’égard de Téhéran.

Donald Trump a déjà pris le contre-pied de son prédécesseur Barack Obama en resserrant les liens avec l’Arabie saoudite sunnite et en appelant à « isoler » le rival iranien chiite. Washington accuse Téhéran d’être une « menace » régionale, qui « déstabilise » directement ou via des groupes « terroristes » la Syrie, l’Irak, le Yémen ou le Liban.

Le président américain dénonce en outre régulièrement l’accord nucléaire conclu en juillet 2015 entre l’Iran, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. En vertu de cet accord, l’Iran, soupçonné malgré ses démentis de chercher à fabriquer l’arme nucléaire, a accepté de réduire pendant au moins dix ans ses activités nucléaires sensibles contre la levée partielle et progressive des sanctions internationales.

De nouvelles sanctions contre l’Iran ?

Les Etats-Unis ont décidé un réexamen de leur position sur l’accord nucléaire et Washington doit décider une nouvelle fois, en principe lundi, de continuer ou non d’alléger les sanctions contre l’Iran. En juin, le Sénat américain a voté un projet de loi en faveur de nouvelles sanctions contre l’Iran, accusé de « soutenir des actes terroristes internationaux ». Il doit encore être examiné par la Chambre des représentants. Les grandes banques internationales hésitent à travailler avec Téhéran par crainte de mesures punitives de Washington.

Le Parlement iranien prépare de son côté un projet de loi pour « répondre aux actions aventuristes des Etats-Unis ». « Les discussions ont été achevées et le texte sera présenté au vote » à une date qui n’a pas encore été fixée, a déclaré dimanche Kazem Jalali, le président du Centre de recherche du Parlement qui avait élaboré le texte, cité par l’agence Mizanonline. Le Parlement iranien voterait ce texte si la Chambre des représentants approuvait le texte adopté par le Sénat américain.