Mort du dissident chinois Liu Xiaobo: Pluie de critiques contre Pékin
DIPLOMATIE•Les dirigeants du monde entier reprochent à la Chine de ne pas avoir laissé le Nobel de la paix finir ses jours à l'étranger...20 Minutes avec AFP
Il s’est battu pour la liberté mais en a été privé jusqu’à son dernier souffle. Liu Xiaobo, premier prix Nobel de la paix chinois, est décédé jeudi d’un cancer sans que le régime communiste ne le laisse finir ses jours en liberté à l’étranger, ce qui vaut à Pékin une pluie de critiques. Le comité Nobel de la paix a accusé la Chine de porter « une lourde responsabilité » dans la mort « prématurée » de l’opposant en le privant de soins médicaux adaptés.
La chancelière allemande Angela Merkel a salué en Liu Xiaobo « un courageux combattant » des droits civiques. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Al Hussein, l’a qualifié de « vraie incarnation » des valeurs démocratiques. Emmanuel Macron a rendu hommage à un « grand combattant de la liberté »
Son épouse toujours en résidence surveillée
Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a relevé que Liu Xiaobo avait « consacré sa vie à l’amélioration de l’humanité ». Il a exhorté Pékin à « libérer » son épouse « Liu Xia de (sa) résidence surveillée et à la laisser quitter la Chine selon son souhait ». « Liu Xiaobo aurait dû être autorisé à choisir son propre traitement médical à l’étranger, ce que les autorités chinoises l’ont empêché de faire à plusieurs reprises », a critiqué le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson.
Le président du Conseil européen Donald Tusk et celui de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ont appelé Pékin à « la libération de tous les prisonniers de conscience ». Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a souhaité en particulier que « les autorités chinoises assurent la liberté de mouvement de son épouse, Mme Liu Xia, de sa famille et de ses proches ».
Figure de Tiananman
Agé de 61 ans, Liu Xiaobo, symbole de la lutte pour la démocratie dans le pays le plus peuplé du monde, avait été admis à l’Hôpital universitaire N°1 de Shenyang après plus de huit années passées en détention. Ancienne figure de proue du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989, l’écrivain et professeur de littérature avait bénéficié d’une mise en liberté conditionnelle après le diagnostic en mai d’un cancer du foie en phase terminale.
Il est mort au côté de sa femme Liu Xia, à qui il a souhaité de « bien vivre » désormais sans lui, a déclaré jeudi soir l’un de ses médecins, Mme Teng Yue’e, lors d’une conférence de presse. Le dissident avait fait savoir qu’il souhaitait suivre un traitement à l’étranger, un appel relayé par la communauté internationale mais rejeté par la Chine qui y voyait une ingérence dans ses affaires intérieures.