VIDEO. Irak: Après la «libération», Mossoul face aux défis de la pacification et de la reconstruction
CONFLIT•La ville de Mossoul, en Irak, a été presque entièrement libérée des mains de Daesh par les forces irakiennes ce dimanche…Océane Marache
L'essentiel
- En juin 2014, le groupe Etat islamique a envahi la ville de Mossoul.
- En octobre 2016, une offensive a été lancée pour reprendre la ville.
- Ces trois années d'occupation et de combat ont laissé une ville détruite, un gouvernement instable et des centaines de milliers de réfugiés.
Bientôt la fin de neuf mois de combat. Ce dimanche, le Premier ministre irakien, Haider al-Abadi s’est rendu dans la ville de Mossoul pour féliciter les forces armées de leur « victoire » face aux combattants de l’organistion de l’Etat islamique.
Une libération cependant encore partielle puisqu’une poche de djihadistes résiste encore au nord de la ville. Mais le bout du tunnel est proche et les questionnements autour de l’avenir de la ville sont déjà nombreux.
Une libération tant attendue
Cette libération marque la fin de trois ans d’occupation et de combats violents. En juin 2014, alors que le groupe djihadiste s’empare de larges parties du territoire irakien, Mossoul, la deuxième ville du pays après Bagdad, tombe à son tour entre ses mains. Très vite, l’organisation de l’Etat islamique en fait sa capitale. Son chef, Abou Bakr al-Baghadi y fait même une apparition publique, la seule de sa vie. L’armée irakienne veut répliquer mais ne lance l’offensive qu’en octobre 2016, soutenue par la coalition internationale.
« L’armée irakienne était désorganisée, heureusement que les pays de la coalition ont apporté leur appui », explique Karim Pakzad, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste de l’Irak. Selon lui, c’est la « participation de l’ensemble des communautés irakiennes qui a été importante dans la reconquête de la ville. C’est le début de la fin de l’organisation de l'Etat islamique », précise-t-il à 20 Minutes.
La pacification de la ville
La priorité à Mossoul est maintenant de pacifier la ville avec une grande présence militaire afin d’éviter toute recrudescence du Daesh. Une fois cette phase finie « ce sera au tour du travail politique », déclare Karim Pakzad. « Le Premier ministre irakien doit continuer sa politique menée depuis neuf mois, celle de fédérer les communautés », ajoute-t-il.
Mais Myriam Benraad - politologue spécialiste de l’Irak et auteure de L’Etat Islamique pris aux mots (Armand Colin) - ne voit pas cette pacification du même œil : « Le premier ministre semble vouloir revenir mais l’arrivée de l’Etat islamique s’est faite sous ce même gouvernement, il faut établir des changements pour apaiser la situation », confie-t-elle à 20 Minutes.
« La reconstruction est essentielle »
« On dénombre aujourd’hui 703.000 réfugiés de la ville de Mossoul », explique Andrej Mahecic, porte-parole du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR). « La plupart d’entre eux ne pourront pas revenir avant plusieurs mois car la ville est bien trop détruite pour accueillir des habitants, précise-t-il à 20 Minutes. La reconstruction est essentielle pour garantir la sécurité ».
Cela va devoir passer par le relèvement des bâtiments, le rétablissement de l’eau et de l’électricité, ce qui pourrait mettre plusieurs mois, voire plusieurs années si « la pénurie de fonds ne s’arrange pas », déplore Andrej Mahecic. Si les forces irakiennes ont mis neuf mois à reprendre la ville de Mossoul, son rétablissement politique, économique et civil, s’annonce lui, beaucoup plus long.