IMMIGRATIONMigrants asphyxiés: Le procès du «camion charnier» s'ouvre en Hongrie

Migrants asphyxiés: Le procès du «camion charnier» s'ouvre en Hongrie

IMMIGRATIONLe 27 août 2015, la police autrichienne avait découvert le camion abandonné sur une autoroute près de la frontière hongroise...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Soixante-et-onze migrants avaient perdu la vie dans un camion frigorifique retrouvé en Autriche en août 2015. Ce mercredi, s’ouvre en Hongrie le procès fleuve des trafiquants responsables de ce tragique transport.

Cinquante-neuf hommes, huit femmes et quatre enfants, dont un bébé, originaires de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, étaient morts d’étouffement dans le véhicule. Le drame avait provoqué une onde de choc en Europe et favorisé l’ouverture momentanée des frontières aux centaines de milliers de migrants désireux de rejoindre l’ouest du continent.

Onde de choc à travers l’Europe

Onze hommes d’origine bulgare, libanaise et afghane doivent répondre de « tortures » et pour certains d’homicides devant la cour d’assises de Kecskemét, où le camion avait été loué. Le procès, qui s’appuie sur 59.000 pages de procédure, doit se dérouler sur plusieurs mois, la cour espérant rendre son verdict « cette année ».

Le parquet a annoncé qu’il requerrait la réclusion criminelle à perpétuité incompressible pour « homicides avec circonstance aggravante de cruauté particulière » à l’encontre de quatre des accusés. Il s’agit d’un Afghan âgé de 30 ans, chef présumé du réseau, et de trois Bulgares : son adjoint (31 ans), le chauffeur du camion (26 ans) et son accompagnateur (39 ans).

Des peines de jusqu’à vingt ans de prison ferme seront requises à l’encontre des sept autres membres du réseau, six Bulgares et un Libanais. A l’exception d’un de ces Bulgares, qui sera jugé par défaut, tous les accusés sont sous les verrous.

« Qu’il les laisse mourir »

Le 27 août 2015, la police autrichienne avait découvert le camion abandonné sur une autoroute près de la frontière hongroise. Entassés dans 14 mètres carrés, les 71 migrants avaient succombé alors que le véhicule se trouvait encore sur le territoire hongrois, selon les légistes. Les corps des victimes ont tous pu, à l’exception d’un seul, être identifiés. La majorité d’entre eux ont été rendus à leurs proches, les autres ont été enterrés à Vienne.

Des écoutes téléphoniques ont établi qu’ils n’ignoraient rien du drame en train de se jouer. Alerté par ses hommes que les migrants criaient pour qu’on leur donne de l’air, le chef afghan avait interdit que soit entrouvert le compartiment.

« Qu’il les laisse plutôt mourir. C’est un ordre », avait-il intimé à son adjoint, qui lui demandait quelles consignes donner au chauffeur. « S’ils meurent, qu’il les décharge dans une forêt en Allemagne », avait-il déclaré, selon un procès-verbal dévoilé par des médias allemands.

Des passeurs sur écoute

Le drame aurait-il pu être évité ? Les enquêteurs hongrois ont reconnu que les responsables de la bande, qui opérait depuis février 2015, étaient sur écoutes. Mais les conversations étaient enregistrées et non suivies en direct…

L’organisation avait généré d’importants profits en convoyant en sept mois au moins 1.106 migrants à qui il était demandé de 1.000 à 1.500 euros chacun pour passer en Autriche, selon le parquet.

Autre circonstance accablante : le jour même où le camion avait été découvert, les trafiquants avaient organisé un nouveau transport selon le même mode opératoire. Les 67 migrants à bord cette fois-ci n’avaient eu la vie sauve que parce qu’ils avaient réussi à défoncer la porte du compartiment.