Leo Varadkar a été officiellement élu ce mercredi Premier ministre d' Irlande par les députés. Après avoir été porté vendredi à la tête du parti de centre-droit Fine Gael, il a été confirmé par le Parlement avec 57 voix pour, 50 contre et 47 abstentions. Les militants du Fine Gael l’ont préféré à son concurrent, Simon Coveney, actuel ministre du Logement et père de trois enfants. Outre son jeune âge, l’ancien ministre de la Santé a un profil qui détonne dans le milieu politique irlandais.

Métis et ouvertement homosexuel

Son engagement politique est précoce. A 25 ans, il était déjà conseiller municipal. Avant ses 30 ans, en 2007, il faisait son entrée au Parlement. En 2011, il devenait tour à tour ministre des Transports, du Tourisme et des Sports, puis de la Santé et enfin de la Protection sociale. A 38 ans, il est donc désormais le plus jeune « Taoiseach », soit Premier ministre, de l’histoire de la République d’Irlande. Il y a deux ans, Leo Varadkar avait déjà été le premier membre d’un gouvernement irlandais en activité à révéler son homosexualité, lors d’une interview radio.

Son accession à la plus haute marche du pouvoir est une révolution en Irlande, où la tradition catholique reste très forte pour la majorité de ses 4,6 millions d’habitants.

« En tant que plus jeune Taoiseach, il représente une Irlande moderne, diverse et ouverte et il parle pour eux (les Irlandais) comme aucun autre », a déclaré son prédécesseur démissionnaire Enda Kenny. A la tête d’un gouvernement minoritaire, et plombé par des mesures impopulaires, Enda Kenny avait annoncé fin mai qu’il allait démissionner d’ici le 2 juin, le temps de trouver un successeur à la tête de son parti et du gouvernement. Bien que perçu comme un homme politique plutôt progressiste sur les questions de société comme l’égalité des sexes ou le droit à l’avortement, Leo Varadkar avait été critiqué par les partis d’opposition pour ses positions très à droite sur les questions économiques.

Le « Macron irlandais »

Léo Varadkar est aussi est le fils d’un immigré indien, par son père, et d’une mère irlandaise. « Mon père a parcouru plus de 8.000 kilomètres pour bâtir un foyer en Irlande : il ne se doutait pas un seul instant que son fils pourrait un jour grandir et diriger le pays », a-t-il déclaré à l’annonce des résultats. « Le gouvernement que je vais diriger ne sera ni de droite ni de gauche parce que ces vieilles divisions ne prennent plus en compte les défis politiques d’aujourd’hui », a indiqué celui qui exerçait jusqu’alors la profession de médecin lors de son premier discours officiel. Un positionnement qui n’est pas sans rappeler celui du plus jeune président de l’histoire de la Ve République française.

D’ailleurs, certains médias de l’île le surnommaient le « Macron irlandais ». S’il n’a pas évoqué directement la question du Brexit dans son discours, il a confirmé qu’il rencontrerait cette semaine la cheffe du parti ultra-conservateur nord-irlandais DUP Arlene Foster et le chef du Sinn-Fein Gerry Adams pour discuter du sujet.