Attentat de Londres: Le quartier de Borough Market touché mais déterminé à se relever
REPORTAGE•L'émotion est toujours palpable dans le quartier où ont eu lieu les attaques, près d'une semaine après les faits...Clémence Apetogbor
De notre envoyée spéciale à Londres (Royaume-Uni),
C’est vendredi soir, les bars londoniens du quartier du London-Bridge sont pleins, les gens sortent du bureau avant de s’engouffrer dans le tube. En apparence, rien n’a changé dans le quartier meurtri une semaine auparavant dans l’attentat qui a coûté la vie à huit personnes, dont trois Français.
Mais à l’entrée du Borough Market, les grandes bâches bleues ne laissent pas de place au doute. C’est bien là qu’a eu lieu l’attaque perpétrée par Khuram Butt, Rachid Redouane et Youssef Zaghba.
Kamel, un petit bouquet de fleurs à la main, s’arrête devant l’une des entrées secondaires. « Comme tout le monde, j’ai été très choqué en apprenant la nouvelle. En tant que musulman, c’est important pour moi de venir rendre hommage aux victimes en ce mois de ramadan », raconte l’homme originaire de l’est de la ville.
« Londres restera toujours forte »
Les fleurs, bougies et autres mots déposés par les passants sont pour lui « un important message de paix ». Une manière de dire aux terroristes « peu importe ce que vous faites, nous ne nous arrêterons pas de vivre normalement. Nous continuerons d’aller au travail, de passer du temps avec nos familles et de faire tout un tas d’autres choses. Si vous commencez à avoir peur, alors les terroristes auront gagné. »
Une fois passé sous la voie ferrée, l’ambiance est tout autre. Au croisement de Duke St Hill et de Borough High St, ce sont des centaines de fleurs qui jonchent le trottoir et autant de petits mots laissés dans plusieurs langues. « Je vis à 10 minutes et je travaille ici. C’est la première que je suis capable de venir sur les lieux », confie Sharon, très émue. « Londres restera toujours forte », dit-elle avant de laisser échapper quelques larmes.
« Nous sommes ici pour rendre hommage, poursuit son amie Elisavet. Ce ne sont que des petits gestes mais c’est le moins que l’on puisse faire. Il faut une certaine force pour venir ici. Je vis ici, je traverse ce pont deux fois par jour depuis quatre ans. Il était important pour moi de venir avec des amis et de faire ça ensemble », estime la jeune femme.
Ses sentiments se bousculent, elle ressent beaucoup de colère mais a voulu laisser un mot, en grec, sa langue maternelle, pour exprimer sa volonté de croire « qu’on restera tous humains » avant tout. Il ne faut « blâmer qui que ce soit, rester unis et aller de l’avant ».
« La vie a déjà repris son cours »
Haja est un témoin particulier de la manière dont ont évolué les choses en moins d’une semaine. Elle travaille dans un magasin de vélo dont les fenêtres donnent sur la rue où ont eu lieu des attaques.
« C’est touchant de voir tous ces mots. Ces gens sont partis comme ça, en moins d’une minute. C’est important de ne pas les oublier, de se relever et de se battre tous ensemble. »
Pour autant, elle n’a pas peur de venir travailler et accueille les clients avec le même sourire. « Je suis seulement un peu plus en alerte, plus attentive si quelque chose me semble suspect. Mais la vie a déjà repris son cours. Rien ne peut nous mettre à terre. »