Législatives au Royaume-Uni: Après avoir «fait la différence» les jeunes réclament un «soft Brexit»
ANALYSE•Selon des chiffres donnés par Sky News, près de 65% des jeunes auraient fait le déplacement jeudi pour faire entendre leur voix...Clémence Apetogbor
De notre envoyée spéciale à Londres (Royaume-Uni),
Encore une fois, les sondeurs n’avaient pas vu tout à fait juste. Au lendemain des législatives britanniques, les médias locaux s’accordent sur la quasi défaite de Theresa May, dont le parti est arrivé en tête du scrutin mais n’est pas parvenu à remporter la majorité.
Pour certains experts, c’est bel et bien le vote des plus jeunes et leur soutien aux Travaillistes de Jeremy Corbyn (plus important que chez les autres tranches d’âge) qui a fait mentir tous les pronostics, alors que les bookmakers voyaient Theresa May plus largement vainqueure.
Forte mobilisation des jeunes en faveur du Labour
Historiquement, la participation des plus jeunes est bien moins importante que celle de leurs aînés. Mais cette année, les choses ont changé. Selon les chiffres avancés par Sky News, 66,4 % des 18-24 ans se sont déplacés pour glisser leur bulletin dans l’urne jeudi, contre 43 % en 2015. Toujours selon Sky News, 63 % des 18-34 ans ont donné leur voix au Labour, contre 27 % aux Conservateurs. Le taux de participation général, qui grimpe, lui, à 68,72 %, est le plus élevé pour des élections législatives depuis 1997 même s’il est inférieur à celui du référendum sur la sortie de l’Union européenne de juin 2016.
Anthony, assistant commercial de 27 ans, est « fier de son pays. Les gens se sont levés et ont essayé de faire la différence. Ça prouve que la mobilisation des jeunes peut être un facteur clef lors d’une élection », explique à 20 Minutes ce pro-Labour de toujours.
« On peut supposer qu’après avoir réclamé leur droit de vote en 2015 [le Royaume-Uni avait réfléchi à accorder le droit de vote aux jeunes dès 16 ans pour le référendum], cette fois les jeunes ont fait ce qu’ils avaient dit qu’ils feraient - le climat politique a changé » a estimé sur Twitter Ben Page, d’Ipsos MORI.
Un « soft Brexit » attendu
Gary est plutôt déçu du résultat du vote. Il espérait que les« ConseTories » conservent leur majorité pour pouvoir gouverner sans difficulté, même s’il n’est pas en accord avec l’ensemble des politiques voulues par Theresa May. « Je la soutiens, mais je pense qu’elle doit démissionner, dit-il de Theresa May devant le 10 Downing Street, juste après la conférence de presse donnée par la Première ministre ce vendredi matin. Le Brexit est acté, j’espère maintenant que les Conservateurs pourront gouverner avec une coalition et négocier un Brexit soft ».
Anthony, lui, souhaite à présent que Theresa May ait face à elle une réelle opposition. « Je suis pour le Brexit le plus soft possible. C’est ce dont le pays a besoin pour survivre. Nous dépendons des Etats européens bien plus que nous ne pouvons l’imaginer. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’on ne commence à prendre conscience de leur valeur ».
Theresa May plus que jamais fragilisée
Quant à l’avenir de la Première ministre, « j’espère que Theresa May va démissionner. Elle a prouvé qu’elle n’était pas un bon leader. Elle a convoqué des élections pour donner du pouvoir aux Conservateurs et désarmer Jeremy Corbyn, à travers une campagne où elle l’a dénigré sans faire aucune analyse de son propre programme. »
Dominic aussi est heureux en ce lendemain d’élections. « Plus que ce que je ne pensais ! », avoue le trentenaire. Pour lui, le scrutin n’est en rien une « revanche » des jeunes pro-Brexit contre Theresa May. Ceux qui ont voté pour les Travaillistes « l’ont fait parce qu’ils croyaient en Corbyn », analyse-t-il. Pour lui, « Theresa May va tenter de se maintenir avec le parti unioniste d’Irlande du Nord pendant un moment, mais ça ne fonctionnera pas », prédit le jeune homme.