Le Kremlin réfute les accusations de piratage des systèmes électoraux américains
ETATS-UNIS•Le site d'investigation «The Intercept» a publié un document top secret de la NSA...Mathias Cena avec AFP
L'essentiel
- Des pirates russes ont lancé des opérations de «harponnage» contre des responsables des élections américaines, selon un document de la NSA
- Ils «ont obtenu et conservé l'accès à des éléments de plusieurs conseils électoraux»
- Une employée soupçonnée d'être la source de la fuite a été arrêtée aux Etats-Unis
Le Kremlin a démenti « fermement » ce mardi les informations d’un média américain qui affirme, sur la foi d’un document top secret de l’agence d’espionnage NSA, que le renseignement militaire russe a tenté de s’introduire dans les systèmes électoraux américains avant la présidentielle de 2016.
« Ces affirmations ne correspondent pas à la réalité », a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Nous démentons fermement toute possibilité que cela ait pu avoir lieu », a-t-il ajouté. « Nous n’avons entendu aucun argument confirmant l’authenticité de ces informations », a insisté Dimitri Peskov.
Le média The Intercept aurait eu accès à un document secret de la NSA
La technique des pirates était simple : se faire passer pour des vendeurs de systèmes électoraux pour hacker les ordinateurs de responsables des élections américaines. Des pirates informatiques du renseignement militaire russe ont tenté à plusieurs reprises de s’introduire dans les systèmes électoraux américains avant la présidentielle de 2016, affirme lundi le média en ligne The Intercept, sur la foi d’un document top secret de la NSA.
Selon ce document daté du 5 mai de l’Agence américaine de sécurité nationale [disponible ici] consulté par le site d’investigation, ces opérations de « harponnage » (ou spear phishing, des attaques beaucoup plus ciblées que le « traditionnel » hameçonnage ou phishing) ont visé pendant plusieurs mois des entreprises privées qui offraient des services d’inscriptions électorales et des équipements aux collectivités locales, et ce quasiment jusqu’au jour de l’élection, le 8 novembre.
Arrestation d’une employée, source possible de la « fuite »
Dans la foulée de la publication de l’article, le ministère américain de la Justice a annoncé l’arrestation de Reality Leigh Winner, employée d’un sous-traitant du gouvernement sur les questions de sécurité nationale, pour avoir fait fuiter une information top secrète à « un média en ligne ». Même si la Justice n’a pas clairement lié les deux affaires, ni précisé de quel document ou de quel média il s’agit, l’information a été décrite comme un rapport daté du 5 mai.
Les piratages décrits par la NSA sont étroitement liés à l’agence de renseignement militaire russe GRU, selon The Intercept. Le document ne précise toutefois pas si les piratages ont eu un quelconque effet sur l’élection dont Donald Trump est sorti vainqueur.
Les pirates « ont obtenu l’accès à des éléments de plusieurs conseils électoraux »
Les agences américaines de renseignement ont publiquement dit que les piratages russes pendant la campagne américaine n’avaient pas eu d’effet direct sur le résultat du scrutin, dénonçant surtout une campagne d’influence au détriment de la démocrate Hillary Clinton, pilotée par le président russe Vladimir Poutine. Celui-ci conteste catégoriquement ces accusations, affirmant que les piratages peuvent venir de « n’importe où ».
Les hackers russes « ont exécuté des opérations de cyber-espionnage contre une entreprise américaine en août 2016, manifestement pour obtenir des renseignements sur des solutions de logiciels et de matériel informatique liés aux élections », écrit la NSA. « Les acteurs ont probablement utilisé les données obtenues grâce à cette opération pour (…) lancer une campagne de harponnage sur les registres électoraux visant les organisations gouvernementales locales », ajoute la NSA citée par The Intercept.
Le rapport de la NSA montre par ailleurs que les pirates « ont obtenu et conservé l’accès à des éléments de plusieurs conseils électoraux ». Cette révélation intervient à quelques jours d’une audition très attendue et potentiellement explosive de l’ancien chef du FBI, James Comey, au Congrès sur les ramifications de l’ingérence russe présumée dans la présidentielle.