VIDEO. Pourquoi appelle t-on le captagon la «drogue des djihadistes»?
TRAFIC•Cette drogue, jadis utilisée pour traiter la narcolepsie et la dépression, fait l’objet de beaucoup de fantasmes…D. D.
L'essentiel
- Plus de 130 kilos de captagon ont récemment été saisis à Roissy
- Il n'y a aucune preuve formelle que les djihadistes en consomment
Beaucoup de légendes urbaines et de contre-vérités circulent sur le Captagon, un stupéfiant que l’on connaît peu. 20 Minutes vous éclaire sur le sujet en quatre points.
Quelle est son origine ?
La Captagon est un dérivé de deux molécules, la théophylline et l’amphétamine. C’est un médicament qui servait notamment au départ pour le traitement de la grippe. Commercialisé à la fin des années 1950, il a été utilisé comme drogue récréative dans le milieu artistique des années 1970 puis comme stimulant dans le milieu sportif jusqu’aux années 1990. Il était prescrit par certains médecins pour lutter contre la fatigue et aider les patients à supporter de fortes fièvres. A cause de la grande dépendance qu’il crée, il a été interdit en 1981 aux Etats-Unis et en 1986 dans la plupart des pays.
Où est-elle fabriquée ?
Le Captagon est fabriqué dans plusieurs sites, en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Le chargement de 750.000 comprimés saisi en France (d’une valeur de 1,5 million d’euros sur le marché illicite de la revente de stupéfiants) par la douane en début d’année était par exemple en provenance du Liban. Un pays qui était jusqu’en 2011, le principal centre de fabrication du Captagon. Depuis, la production aurait été délocalisée en Syrie. Le chargement saisi à Roissy était à destination de l’Arabie Saoudite via la France, la République Tchèque et la Turquie.
Quels sont ses effets ?
Le Captagon a un effet énergisant, c’est un stimulant qui génère une absence de douleur et d’empathie. A forte dose il procure en outre une sensation de bien-être et a un effet désinhibant. Parmi ses effets secondaires on constate une transpiration abondante et une incapacité à s’endormir. Il y a aussi des risques cardiovasculaires à consommer du Captagon.
Qui la consomme ?
En France, le Captagon est prisé des personnes qui veuillent veiller tard notamment. On l’a surnommée « drogue des djihadistes » après que sa consommation par des terroristes occidentaux eut été rapportée. On a ainsi longtemps cru qu’ils en ingéraient pour aller au combat et perpétrer leurs attaques, ou en prenaient ensuite pour profiter des effets euphorisants. Surtout, en novembre 2015, les témoignages de certaines victimes du Bataclan, décrivant des terroristes comme robotisés, avaient fait penser à une consommation de Captagon.
Leur autopsie n’avait pourtant pas montré la présence d’une telle drogue. Aujourd’hui, il paraît hasardeux de faire référence au Captagon comme « drogue des djihadistes » dans la mesure où aucune preuve formelle de sa consommation dans les rangs de Daesh n’a été rapportée. « J’ai mené des centaines d’entretiens avec des jihadistes ou leurs proches. Jamais aucun n’a fait mention de l’usage de cette drogue, ni pour lui ni pour son entourage », explique Wassim Nasr, spécialiste de la scène djihadiste internationale. Pour certains experts il s’agirait plutôt d’une « récompense » parfois accordée aux djihadistes. Mais dans l’unique but de servir de monnaie d’échange pour acheter, entre autres, des armes.