Corée du Nord: Le Conseil de sécurité se réunira en urgence mardi
MONDE•Le pays a testé un nouveau missile dimanche...Thibaut Chevillard
L'essentiel
- Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra mardi une réunion d'urgence sur la Corée du Nord.
- Le pays a testé un nouveau missile dimanche.
Le Conseil de sécurité va se réunir d’urgence mardi sur la Corée du Nord, qui a procédé dimanche à un nouvel essai de missile, dernier en date d’une série de tirs qui ont suscité des condamnations internationales et la menace d’un durcissement des sanctions contre Pyongyang.
La Corée du Sud a qualifié de « dangereux et irresponsable » ce tir, le deuxième en une semaine, tandis que l’armée américaine insistait sur son « engagement inébranlable » à défendre ses alliés dans la région. Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a estimé que le nouveau tir « piétinait les efforts » internationaux pour parvenir à une « solution pacifique » et « lançait un défi au monde ».
Ces trois pays, Etats-Unis, Corée du Sud et Japon, ont réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, a indiqué la mission de l’Uruguay à l’ONU, qui préside cette instance exécutive en mai. D’après l’état-major inter-armées sud-coréen, le missile tiré vers l’est de Pukchang, dans la province de Pyongan Sud, n’a pas encore été identifié. L’engin a parcouru 500 kilomètres environ.
Onzième tir de missile depuis le début de l’année
« Notre armée surveille de près la situation pour déceler des signes de provocations supplémentaires de l’armée nord-coréenne et notre armée se tient prête », a dit l’état-major sud-coréen dans un communiqué. Le ministre américain des Affaires étrangères Rex Tillerson a jugé « décevant » et « inquétant » le nouvel essai nord-coréen, soulignant toutefois que son pays n’était qu'« au début » de sa campagne de pressions économiques et diplomatiques.
Ce nouveau tir survient une semaine après le lancement par Pyongyang d’un missile de portée intermédiaire, le Hwasong-12, qui avait parcouru environ 700 kilomètres. Cet engin avait une portée sans précédent, selon les analystes. La Corée du Nord a assuré qu’il était capable de transporter une ogive nucléaire. Le tir de missile de dimanche est le onzième depuis le début de l’année, après des dizaines de tirs et deux essais nucléaires en 2016.
Les Etats-Unis minimisent ce dernier tir
Le Nord accélère ses efforts pour mettre au point un missile balistique intercontinental (ICBM) capable d’acheminer une tête nucléaire sur le continent américain. Le président américain Donald Trump a assuré que cela ne « se produirait pas ». A Ryad, où Donald Trump effectue une visite, un responsable de la Maison Blanche a semblé minimiser ce dernier tir. « Nous sommes au courant d’un tir par la Corée du Nord d’un missile balistique de moyenne portée. Ce système, testé pour la dernière fois en février, a une portée plus courte que les missiles tirés par la Corée du Nord lors des trois récents essais », a-t-il précisé.
Mais le ministère sud-coréen des Affaires étrangères s’est insurgé contre un tir « dangereux et irresponsable », estimant qu’il « jette de l’eau froide sur l’espoir et l’attente du nouveau gouvernement et de la communauté internationale » en vue d’une dénucléarisation et de la paix dans la péninsule coréenne. Le nouveau président sud-coréen Moon Jae-In a prêté serment le 10 mai en adoptant un ton plus conciliant envers Pyongyang mais a fermement condamné le tir de la semaine dernière.
Accélération des programmes nucléaire et balistique nord-coréens
Le commandement américain dans le Pacifique a indiqué avoir suivi le missile jusqu’à ce qu’il tombe en mer du Japon. Il a assuré rester « ferme dans l’engagement inébranlable envers la sécurité de nos alliés en République de Corée (la Corée du Sud) et au Japon », selon un communiqué. Pyongyang dispose depuis longtemps d’engins pouvant atteindre des cibles en Corée du Sud - les Scud d’une portée de 500 kilomètres - et au Japon (le Rodong de 1.000 à 3.000 kilomètres). Mais avec une portée estimée à 4.500 km, le Hwasong-12 est susceptible d’atteindre les bases américaines de l’île de Guam, dans le Pacifique.
La Corée du Nord assure avoir besoin de l’arme nucléaire pour faire face à une menace d’invasion américaine. Et elle ne se montre pas le moins du monde disposée à y renoncer, quelles que pourraient être les concessions proposées, et malgré de multiples sanctions de l’ONU. L’accélération des programmes nucléaire et balistique nord-coréens et la surenchère verbale avec Donald Trump, qui a menacé de régler par la force le dossier nord-coréen, ont contribué à tendre la situation sur la péninsule ces dernières semaines. Le milliardaire a toutefois récemment semblé modérer son discours, déclarant même qu’il serait « honoré » de rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un.
Après le tir d’il y a une semaine, le Conseil de sécurité de l’ONU s’était réuni à huis clos mardi pour discuter d’un durcissement des sanctions contre le Nord. Selon l’ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley, les Etats-Unis et la Chine sont en train de préparer une résolution de mesures punitives supplémentaires contre Pyongyang. « Nous devons tous envoyer un signal à la Corée du Nord : "Assez. On ne joue pas. C’est grave" », avait martelé Nikki Haley, menaçant de représailles les pays qui n’appliqueraient pas les sanctions prises.