Un journaliste de l'AFP assassiné au Mexique
MONDE•Spécialiste reconnu du narcotrafic, Javier Valdez a été tué par balles lundi...20 Minutes avec AFP
«C’est violent et chaque fois ça devient pire, mais quelqu’un doit faire le job, non ? » C’est ainsi que Javier Valdez avait récemment décrit le quotidien des journalistes au Mexique. Lundi, ce pigiste de l’AFP de 50 ans est tombé au champ d’honneur, abattu par balles. Depuis le début de l’année, cinq journalistes ont été tués dans un pays marqué par une recrudescence de la violence des narcotrafiquants.
« Ça s’est passé devant les bureaux de Riodoce (…) Il a été attaqué à l’arme à feu », a indiqué à l’AFP une source judiciaire, ajoutant que « les experts légistes viennent d’arriver sur place ».
Javier Valdez travaillait depuis de plus de dix ans pour l’AFP dans l’Etat de Sinaloa, fief du cartel de Joaquin « El Chapo » Guzman, actuellement incarcéré aux Etats-Unis. Ce père de famille était aussi correspondant du quotidien La Jornada et de l’hebdomadaire Riodoce.
Guerre de succession
Le président mexicain Enrique Peña Nieto a condamné sur Twitter « ce crime indigne » et a réitéré son engagement pour « la liberté d’expression et la presse, fondamentales pour notre démocratie ».
« Bien entendu, les activités que menait Javier ont une répercussion sur les pistes de l’enquête. Nous voulons surtout à présent assurer la sécurité du journal, de l’hebdomadaire, et particulièrement de sa famille », a commenté le procureur de l’Etat de Sinaloa Juan José Rios Estavillo.
L’arrestation puis l’extradition de « El Chapo » ont déclenché une violente guerre de succession entre différentes factions du cartel dans son fief de Sinaloa et certains Etats voisins. Deux semaines après l’extradition de Guzman, ses fils avaient envoyé une lettre manuscrite à la presse dans laquelle ils se plaignaient d’avoir été victimes d’une embuscade tendue par un lieutenant de « El Chapo », Damaso Lopez, arrêté depuis, début mai, à Mexico.
« Un danger de faire du journalisme »
Il avait publié plusieurs ouvrages d’investigations sur le narcotrafic, dont un ultime livre l’an dernier intitulé « Narcoperiodismo, la prensa en medio del crimen y la denuncia » (« Narcojournalisme, la presse entre le crime et la dénonciation »).
« A Culiacan, dans le Sinaloa, c’est un danger d’être vivant et faire du journalisme, c’est marcher sur une ligne invisible dessinée par les méchants, ceux qui sont dans le narcotrafic et ceux qui sont au gouvernement », avait-il déclaré en 2011 dans un discours prononcé lors de la remise du Prix International de la liberté de Presse par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). « Il faut se protéger de tout et de tous », avait-il ajouté.