VIDEO. Indonésie: Le gouverneur chrétien de Jakarta en prison pour blasphème
JUSTICE•Basuki Tjahaja Purnama aurait remis en cause l’interprétation d’un verset du Coran…20 Minutes avec agences
Basuki Tjahaja Purnama, le gouverneur chrétien de Jakarta (Indonésie) a été condamné à deux ans de prison ce mardi pour « insulte à l’islam » et incarcéré dès l’énoncé du verdict. Les faits remontent à septembre dernier, quand celui qui est surnommé « Ahok » avait jugé erronée l’interprétation faite par certains théologiens musulmans d’un verset du Coran, amenant ces spécialistes à estimer qu’un musulman ne pouvait élire qu’un dirigeant musulman.
Instrumentalisation et manifestations massives
La sortie du gouverneur avait fait grand bruit et des experts avaient dénoncé une instrumentalisation de ces propos par des islamistes défendant une ligne dure. L’inculpation était finalement intervenue fin 2016 après des manifestations massives.
Ahok a annoncé son intention de faire appel de cette condamnation qui a surpris par sa sévérité. Si les faits reprochés au gouverneur sont en théorie passibles de cinq ans de prison, le parquet avait requis une peine avec sursis. Mais les cinq juges ont choisi d’aller plus loin, estimant notamment que l’accusé avait « suscité la colère et blessé les musulmans », qu’il ne ressentait « aucune culpabilité » et qu’il était « de façon probante, coupable de blasphème ».
Une illustration de la montée en puissance des conservateurs
Candidat à sa propre succession et crédité de sondages favorables grâce à sa volonté de réduire la pollution et les embouteillages à Jakarta, le premier gouverneur non musulman depuis un demi-siècle avait finalement été battu en avril dernier par l’ancien ministre de l’Education, le musulman Anies Baswedan, après que le scandale a éclaté.
Pour beaucoup, l’affaire et la condamnation de Basuki Tjahaja Purnama illustrent la montée en puissance des conservateurs dans le pays du monde où résident le plus de musulmans, pratiquant en grande majorité une forme d’islam modéré. « C’est une nouvelle étape importante dans le processus lent de déclin des libertés religieuses en Indonésie », a ainsi déploré Andreas Harsono, un membre indonésien de Human Rights Watch.