Brexit: Londres tente de calmer la polémique sur la sécurité, après les propos de Theresa May
POLEMIQUE•Certains accusent la Première ministre Theresa May de faire de la sécurité, un argument de chantage dans le cadre du Brexit...Manon Aublanc avec AFP
Le Royaume-Uni a tenté, ce jeudi, de dégonfler une polémique sur sa future coopération en matière de sécurité avec l’Union européenne, au lendemain du déclenchement officiel de la procédure de divorce qui lance deux ans de négociations.
Dans sa lettre de rupture adressée, ce mercredi, au président du Conseil européen, Donald Tusk, la Première ministre britannique, Theresa May, semble mettre dans la balance des négociations la poursuite de la coopération en matière de sécurité. « Si nous quittons l’Union européenne sans un accord, par défaut nous serons soumis aux règles de l’Organisation mondiale du Commerce. En termes de sécurité, pas d’accord signifierait un affaiblissement de notre coopération dans la lutte contre la criminalité et le terrorisme », écrit-elle.
Pas « une menace » mais « un argument »
Une menace voilée que Guy Verhofstadt, référent du Parlement européen pour les négociations du Brexit, n’a guère appréciée. « La sécurité de tous les citoyens est un sujet bien trop grave » pour faire l’objet de marchandage, a-t-il réagi. Pour le quotidien britannique The Times, la déclaration de Theresa May équivaut à une « menace (sur) le pacte sur le terrorisme de l’UE », tandis que le Sun titre : « Votre argent ou vos vies ».
Ce jeudi, lors d’un point presse, un porte-parole de Downing Street a expliqué que Theresa May « a simplement émis des faits », stipulant que s’il n’y a pas d’accord tous les arrangements en cours, dans tous les domaines, « seront caducs ». Le ministre chargé du Brexit, David Davis a lui affirmé que ce « n’était pas une menace » mais un « argument pour obtenir un accord », sur la BBC.
La facture de sortie, « un gros point de friction »
La polémique survient alors que chaque camp se prépare à de complexes négociations pour défaire les liens tissés pendant 44 ans entre Londres et l’UE. Après la chancelière allemande Angela Merkel mercredi, le président français François Hollande a déjà prévenu qu’il était hors de question de parler de future relation tant que les négociations de sortie ne seraient pas conclues. Theresa May aimerait mener des négociations parallèles pour aller plus vite. Ce vendredi, Donald Tusk proposera des « orientations de négociations », qui traceront le cap à respecter aux yeux de l’UE pour aboutir à un accord de sortie. Elles seront soumises aux dirigeants des 27 pays européens lors d’un sommet le 29 avril.
Si Theresa May et Bruxelles semblent prêts à trouver un accord rapide sur les droits des immigrés européens, la facture de sortie -- évaluée entre 55 et 60 milliards d’euros -- que Bruxelles compte présenter à Londres devrait constituer un gros point de friction. « Il n’y a pas de demande formelle », a dit la Première ministre britannique sur la BBC mercredi soir, ajoutant que son pays « respectera ses obligations ». Son ministre des Finances Philip Hammond a toutefois prévenu que Londres « ne reconnaît pas les montants parfois très importants qui ont circulé à Bruxelles ».