MONDEMaroc: Le Français Thomas Gallay condamné en appel à 4 ans de prison

Maroc: Le Français Thomas Gallay condamné en appel à 4 ans de prison

MONDEIl avait été condamné en première instance pour appartenance présumée à une cellule terroriste...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le Français Thomas Gallay, condamné à six ans de prison en première instance au Maroc pour appartenance présumée à une cellule « terroriste », a été condamné à 4 ans de prison en appel.

Le verdict a été prononcé mercredi dans la soirée par la Cour d’appel du tribunal de Salé près de Rabat, et l’accusé voit donc sa peine réduite de deux ans, selon une journaliste qui a assisté au verdict.

« On lui reproche d’avoir donné 70 euros à une connaissance »

Thomas Gallay, ingénieur de 36 ans originaire du sud-est de la France, était jugé en appel depuis octobre à Salé. Il est actuellement emprisonné dans la même ville.

Interpellé en février 2016 dans la ville d’Essaouira (sud), il avait été condamné en juillet à six ans de prison pour « soutien financier » à des personnes ayant voulu perpétrer des actes terroristes.

Selon sa mère, Béatrice Gallay, « on lui reproche d’avoir donné 70 euros à une connaissance », un personnage au centre du dossier, après son installation à Essaouira en 2014.

De « faux aveux » signés en arabe ?

Thomas Gallay a été condamné sur la base de « faux aveux » que la police lui aurait fait signer en arabe, alors que c’est une langue qu’il ne parle pas, toujours selon sa mère Gallay, qui assure que son fils n’est « même pas converti à l’islam ». Thomas Gallay a ensuite récusé le PV de ses aveux, arguant qu’il s’agissait de déclarations qu’il n’avait jamais faites.

En novembre, Human Rights Watch, la Fédération internationale des droits de l’Homme et Amnesty international avaient dénoncé les « méthodes douteuses des policiers » dans ce dossier. Thomas Gallay a notamment reçu le soutien de l’ex-ministre française de la Justice Christiane Taubira.

En janvier, la mère de Thomas Gallay, présente à Rabat depuis plusieurs mois et qui assiste à toutes les audiences, avait appelé la justice marocaine à revenir sur la peine prononcée contre son fils.

Le procureur dénonce les « mensonges de la presse étrangère »

L’ambassade de France a Rabat fait savoir à plusieurs reprises que le ministère des Affaires étrangères suivait « avec attention » la situation du Français « dans le respect de l’indépendance de la justice marocaine ».

Son procès en appel a été marqué par de nombreux reports. Au cours de cette dernière audience mercredi, le procureur a affirmé dans son ultime réquisitoire que « toute la procédure a été faite dans le respect de la loi », critiquant au passage sur un ton véhément les « mensonges de la presse étrangère ».

« Le Maroc fait face à la menace terroriste et tout l’appareil sécuritaire est mobilisé pour ça », a-t-il souligné, affirmant que « de nombreux étrangers viennent au Maroc pour tenter d’y perpétrer des attentats au nom de Daesh ».

Ses coaccusés condamnés

Vêtu d’un pull bleu foncé, l’accusé, glabre et les cheveux en queue de cheval, a paru serein et calme lors de l’audience. Il a fait un signe à sa mère à son entrée dans le box des accusés. Assis à côté d’un interprète, il a exprimé à plusieurs reprises son incompréhension en hochant la tête à l’écoute du réquisitoire du procureur.

C’est « une nouvelle illustration du fait que les tribunaux marocains considèrent les PV de police comme quasi-sacrés et ne cherchent que rarement à vérifier leur fiabilité », a réagi dans la nuit HRW.

« Si les attendus du verdict d’appel, qui n’ont pas encore été délivrés, ne fournissent pas d’explications plus convaincantes que ceux de 1er instance, cela ne fera qu’aggraver l’injustice », a déploré cette organisation.

Ls 8 co-accusés de Thomas Gallay ont vu également leur condamnation confirmée. Ils ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison.