Corée du Nord: Ce que l’on sait sur le meurtre de Kim Jong-nam, le demi-frère de Kim Jong-un
ASIE•La Corée du Sud accuse le leader du nord d'avoir fait tuer Kim Jong-Nam, lundi en Malaisie...M.C.
Il a vraisemblablement été empoisonné lundi à l’aéroport de Kuala Lumpur, avec une méthode rappelant celles de la Guerre froide. Kim Jong-nam, fils aîné du défunt dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il, est le plus haut dignitaire assassiné sous le règne de Kim Jong-Un depuis l’exécution en décembre 2013 de l’oncle du jeune leader. Voici ce que l’on sait sur un meurtre au sujet duquel de nombreuses zones d’ombre subsistent.
Que s’est-il passé ?
Deux versions circulent. Selon certains médias, l’homme de 45 ans, qui séjournait en Malaisie depuis le 6 février selon la Corée du Sud, aurait été touché par des aiguilles empoisonnées par des femmes qui auraient pris la fuite en taxi. D’autres médias évoquent un liquide aspergé au visage de Kim Jong-nam. « Il a dit à l’accueil du hall des départs que quelqu’un l’avait attrapé par derrière par le visage et l’avait aspergé d’un liquide », a déclaré le chef de la police criminelle de l’Etat de Selangor, Fadzil Ahmat, selon le journal malaisien The Star.
« Il a demandé de l’aide et a immédiatement été envoyé à la clinique de l’aéroport. A ce moment-là, il disait souffrir de maux de tête et semblait sur le point de s’évanouir », a-t-il dit. « A la clinique, il a été victime d’une crise cardiaque. Il a été placé dans une ambulance et était en route vers l’hôpital de Putrajaya quand son décès a été prononcé. » La police malaisienne a annoncé qu’une autopsie serait pratiquée mercredi sur la dépouille de la victime, sans toutefois dire quand les résultats en seraient annoncés.
Qui était Kim Jong-nam ?
Il était le fils aîné du dirigeant nord-coréen défunt Kim Jong-Il, et le demi-frère du leader actuel, Kim Jong-Un. Né de l’union de son père avec Sung Hae-rim, une actrice née en Corée du Sud et morte à Moscou, Kim Jong-Nam avait étudié en Suisse et en Russie, et parlait plusieurs langues, dont le japonais.
Présenté comme un passionné d’ordinateurs, il était après ses études rentré à Pyongyang, où il avait été propulsé à la tête de la stratégie de développement informatique du régime nord-coréen. Mais avant même sa disgrâce, l’aîné des Kim était considéré par les services sud-coréens comme un poids plume de la politique nord-coréenne, n’ayant pas l’étoffe d’un dirigeant.
Il s’est fait connaître en 2001, quand il a été arrêté à l’aéroport de Tokyo muni d’un faux passeport dominicain avec deux femmes et un enfant. Il aurait alors déclaré aux autorités qu’il voulait visiter Disneyland. Depuis cette mésaventure, Kim Jong-nam vivait de fait en exil avec sa famille, à Macao, Singapour ou en Chine. On dit qu’il se rendait souvent à Bangkok, à Moscou et en Europe.
A-t-il été assassiné sur ordre de Kim Jong-un ?
C’est ce qu’affirme la Corée du Sud. « S’il est confirmé, le meurtre de Kim Jong-nam serait un exemple qui démontrerait la brutalité et la nature inhumaine du régime nord-coréen », a déclaré ce mercredi matin le président sud-coréen par intérim Hwang Kyo-Ahn. De fait, l’homme, perçu comme un partisan de réformes dans son pays, s’était montré critique face au mode de succession dynastique. Son fils avait en 2012 qualifié Kim Jong-un de « dictateur » dans un entretien à la télévision finlandaise, alors qu’il étudiait en Bosnie.
Il avait échappé à une première tentative d’assassinat en 2012, à la suite de laquelle il aurait écrit à Jong-un : « S’il te plaît épargne moi et ma famille », selon l’un des parlementaires sud-coréens qui se sont réunis avec le patron des renseignements du pays. « Il lui disait aussi : "Nous n’avons nulle part où aller, (…) nous savons que la seule issue est le suicide" », a-t-il ajouté en expliquant que Jong-nam avait peu de soutiens en Corée du Nord et qu’il ne constituait pas une menace pour son demi-frère.
La famille du défunt -ses épouses actuelle et passée et ses trois enfants- vivent à Pékin et Macao, selon un autre membre du Parlement. « Ils sont sous la protection des autorités chinoises ».
Quelle est la situation en Corée du Nord ?
Soumis à une pression internationale croissante à propos des programmes nucléaire et balistique nord-coréen, Kim Jong-un cherche à renforcer son pouvoir. Lundi, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné à l’unanimité - y compris la Chine, principale alliée de Pyongyang - le tir de missile effectué dimanche par la Corée du Nord. Les annonces de purges, d’exécutions et de disparitions - certaines étant confirmées, d’autres non - sont fréquentes depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2011.