ETATS-UNISDémission du conseiller de Trump: Trois questions sur l’affaire Flynn

VIDEO. Démission de Flynn: Cette affaire est-elle le signe d'une crise plus importante?

ETATS-UNISLa démission de ce conseiller en raison de contacts inappropriés avec Moscou, risque de porter préjudice à l'administration Trump...
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

Les temps sont difficiles pour l’administration Trump. Après la polémique sur son décret anti-immigration, son conseiller à la sécurité nationale a donné sa démission lundi soir. La cause ? Il avait été accusé vendredi par deux grands titres américains de contacts inappropriés avec Moscou quand Barack Obama était encore en fonction. Cette nouvelle crise peut-elle porter préjudice au chef de l’Etat ?

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Que reproche-t-on à Michael Flynn ?

Dans leurs éditions de vendredi, le Washington Post et le New York Times, révélaient qu’au moment même où l’administration Obama ordonnait fin décembre des sanctions contre la Russie pour son ingérence présumée dans les élections américaines, Michael Flynn assurait l’ambassadeur de Russie à Washington que le président élu Donald Trump serait beaucoup moins sévère.

Facteur aggravant : Michael Flynn serait coupable de mensonge et aurait induit en erreur son propre camp, en particulier Mike Pence, le futur vice-président. Il avait en effet déclaré début janvier que la conversation avec l’ambassadeur n’avait pas porté sur les sanctions, une affirmation reprise publiquement par Mike Pence.

En agissant ainsi, Michael Flynn a contrevenu au Logan Act, qui interdit aux citoyens américains de négocier avec des puissances étrangères sans autorisation explicite de la part de leur gouvernement. « Il est donc possible qu’il soit jugé pour trahison », avance Thomas Snegaroff, historien et spécialiste des Etats-Unis.

Est-ce un événement sans précédent ?

« Sur la forme, c’est une crise assez classique aux Etats-Unis : la presse sort une information, la Maison Blanche nie et la solution trouvée, c’est la démission du conseiller, souligne l’historien. Ce qui est plus étonnant, c’est le délai. On n’a jamais vu un conseiller disparaître trois semaines après l’investiture. »

Pour Thomas Snegaroff, « c’est le signe de l’incompétence de Michael Flynn. Déjà lors de l’investiture à Washington, tout le monde disait que cet homme était un incapable et sentait que le problème viendrait de lui. Donald Trump avait si peu de soutiens lors de la campagne qu’il était obligé de nommer des fidèles ni compétents ni armés pour le pouvoir ».

Paradoxalement, le fait que Donald Trump ait accepté qu’un de ses plus proches et anciens conseillers parte montre qu’il se plie à des exigences. Selon le Washington Post, c’est le signe d’une présidence somme toute « normale ». « Ce qui est remarquable dans cette histoire, c’est à quel point elle est quelconque. La dissimulation est pire que le crime lui-même. Embarrasser ses patrons a de sérieuses conséquences. […] La démission de Flynn avait tout de l’aspect théâtral traditionnel de Washington. Ce qui la rend très unique dans cette Maison Blanche. »

Les prémices d’une crise plus importante ?

Derrière cette affaire classique se pose une question de taille : que savait Donald Trump ? Sollicité pour savoir si le président était au courant que Michael Flynn avait discuté des sanctions avec l’ambassadeur russe, le porte-parole Sean Spicer a été catégorique lundi : « Non, absolument pas. »

« Il n’est pas impossible que Michael Flynn ait agi seul, étant donné qu’il avait la confiance de Donald Trump et en raison de son incompétence, avance Thomas Snegaroff. Mais cela signifie qu’il était dans une ambiance qui l’a poussé à tenir de tels propos. Il a peut-être surinterprété des signaux… qui existent ! »

Le vrai risque, est que cet événement ouvre une boîte de Pandore et « étende les suspicions d’ingérence russe dans l’élection américaine, reprend Thomas Snegaroff. Cela peut titiller la curiosité des Américains. »

Le ministre de la Justice et le Congrès ont lancé des enquêtes distinctes sur de possibles liens entre des conseillers de la campagne Trump et Moscou. Et les agences américaines de renseignement ont d’ores et déjà conclu que le président russe Vladimir Poutine était lui-même intervenu pour interférer dans l’élection.

Est-ce que cette affaire peut signer le début de la fin de la Présidence Trump ? Prudence, répond Thomas Snegaroff. « Tant qu’il y aura des fusibles comme Michael Flynn et qu’il n’est pas prouvé que Donald Trump a décroché son téléphone pour tenir de tels propos, on est encore loin d’une destitution. »

Mais pour le spécialiste, cette nouvelle crise n’est pas bonne pour l’image du président tout juste élu. « S’il le savait, il est responsable et c’est très grave. S’il ne le savait pas, cela montre son incompétence et son incapacité à tenir ses hommes. C’est du perdant-perdant. »