Etats-Unis: Trump pique une colère contre une enseigne qui ne vend plus la marque de sa fille Ivanka
MAISON BLANCHE•« Ma fille Ivanka a été traitée de manière injuste par Nordstrom », a tweeté le président américain…20 Minutes avec AFP
Une fois de plus, Donald Trump utilise Twitter pour régler ses comptes, et fait redoubler les craintes sur les conflits d’intérêts de sa présidence. Le locataire de la Maison Blanche a critiqué ce mercredi la décision « injuste » de la chaîne de magasins de luxe Nordstrom de cesser de vendre la ligne de vêtements de sa fille aînée Ivanka.
« Ma fille Ivanka a été traitée de manière si injuste par Nordstrom. C’est une personne incroyable qui me pousse toujours à faire le bon choix. Terrible ! », a déclaré le président sur Twitter, quelques minutes seulement après avoir prononcé un discours sur la sécurité intérieure devant l’association des shérifs américains.
aDepuis son élection en novembre, le président Trump s’en est pris à plusieurs multinationales (General Motors, Ford…) pour leurs délocalisations au Mexique, mais c’est la première fois que sa charge est directement liée aux entreprises gérées par son clan familial.
Pour lui donner le maximum d’écho, Donald Trump l’a d’ailleurs répercutée sur son compte personnel @realDonaldTrump comme sur celui, officiel, de la présidence américaine @POTUS.
« Cela ne se justifiait plus économiquement » de vendre cette marque
Visé par des appels au boycott, Nordstrom avait annoncé la semaine dernière qu’il ne vendrait plus dans ses magasins les sacs, chaussures et vêtements de la marque Ivanka Trump.
Une porte-parole du groupe a pourtant assuré avoir pris cette décision sur le seul critère du niveau des ventes : « Au cours de l’année passée, spécialement au cours du second semestre 2016, les ventes de la marque ont régulièrement décliné au point que cela ne se justifiait plus économiquement de continuer pour le moment », a déclaré une porte-parole.
La Maison Blanche a toutefois défendu une tout autre lecture. « Il y a très clairement des tentatives pour salir le nom (d’Ivanka Trump) en raison de mesures précises prises par son père », a accusé le porte-parole de la présidence, Sean Spicer, lors de son briefing quotidien, jugeant la décision de Nordstrom « inacceptable ».
Le cours en bourse de Nordstrom baisse puis termine en hausse
Cette passe d’armes vient surtout renforcer les craintes que la présidence Trump ne brouille les frontières entre politique, intérêts commerciaux et liens familiaux. « Cela donne l’impression qu’il utilise sa fonction pour promouvoir les intérêts commerciaux de sa fille », estime Richard Briffault, expert en éthique gouvernementale à la Columbia Law School. Nancy Pelosi, la chef des démocrates à la Chambre des représentants, a elle qualifié la prise de parole de Trump de « déplacée ».
Ce tweet pourrait même provoquer des poursuites en justice, estime Norman Eisen, un conseiller en éthique de Barack Obama. Plusieurs Etats comme la Californie, où Nordstrom a des magasins, disposent en effet de lois contre la concurrence déloyale, et l’attaque présidentielle pourrait porter préjudice à l’entreprise. Le cours en bourse de Nordstrom a baissé immédiatement après la publication du tweet, avant de se redresser et de terminer en hausse par rapport à l’ouverture.
Menace de boycott
Le groupe américain, qui dispose de près de 350 magasins aux Etats-Unis et au Canada, figurait notamment sur la liste des entreprises à boycotter établie par le site « Grab Your Wallet » parce qu’il vendait des articles Ivanka Trump, aux côtés d’autres grands magasins comme Macy’s, ou Bloomingdale’s.
Selon le New York Times, une autre enseigne, TJMax, a d’ailleurs ordonné à ses employés de faire disparaître les articles Ivanka Trump de ses présentoirs. Contacté, le groupe n’a pas réagi dans l’immédiat.
De nombreuses entreprises, dont Uber, New Balance, Pepsi ou Budweiser, ont récemment fait l’objet d’appels au boycott lancés par des pro ou anti-Trump, reflétant l’extrême division de la société américaine depuis la dernière campagne présidentielle.