CONFLITAprès Alep, quels pourraient être les prochains objectifs d’Al-Assad?

VIDEO. Après la reprise d'Alep-Est, quels pourraient être les prochains objectifs de Bachar al-Assad?

CONFLITAgrégé de géographie et spécialiste de la Syrie, Fabrice Balanche dresse les contours de ce que pourrait devenir le conflit syrien…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

«Alep, c’est Stalingrad ! » Agrégé de géographie*, Fabrice Balanche préfère choisir une comparaison historique pour décrire la situation en Syrie. « Les deux villes sont similaires au vu de l’ampleur des destructions qu’elles ont subies et surtout du tournant qu’elles marquent dans le conflit global. »

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Lechercheur au Washington Institute n’oublie surtout pas que Stalingrad est tombée en mars 1943 mais qu’il a fallu deux années de plus avant d’aboutir, en mai 1945, à l’armistice de la deuxième guerre mondiale. Façon pour lui d’indiquer que « la guerre n’est pas finie en Syrie ».

Si les forces pro-gouvernementales fidèles à Bachar al-Assad devraient reprendre Alep « dans les deux-trois jours », cela ne marquera pas pour autant la fin des opérations qui ensanglantent le pays depuis mars 2011. Pour 20 Minutes, Fabrice Balanche a dressé la liste des prochaines villes qui devraient subir les assauts de l’armée régulière dans les prochains moi ou années.

  • La province d’Idleb, principal bastion rebelle​
Carte de localisation d'Idleb (bleu), de Foua (en rouge) et de Hama (en vert).
Carte de localisation d'Idleb (bleu), de Foua (en rouge) et de Hama (en vert). - GOOGLE

Encerclés par l’armée régulière, les derniers rebelles d’Alep-Est voudraient, pour la plupart, rejoindre la province d’Idleb située à 60 kilomètres au sud-ouest (en bleu sur la carte). « Tout simplement parce que cette zone demeure la poche de résistance la plus importante, confie le chercheur. Elle concentre environ 50.000 combattants réunis sous l’égide de l’ancien front Al-Nosra. »

Véritable palette de communautés diverses, cette zone recèle plusieurs intérêts pour le pouvoir central de Damas. « Une offensive sur Idleb lui permettrait de protéger la ville d’Hama (en vert sur la carte) située un peu plus au sud et de reprendre aussi les localités chiites de Foua et Kefraya (en rouge sur la carte) très importantes aux yeux de son allié iranien. »

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Dans ce secteur, Bachar al-Assad pourrait aussi éventuellement compter sur un discret appui chinois dans ces manœuvres. Plusieurs observateurs ont en effet remarqué l’arrivée, depuis le mois d’avril, de nombreux Ouïghours dans les rangs des rebelles installés dans le secteur. « Des musulmans radicalisés que Pékin n’a aucun intérêt à voir revenir chez lui un jour ou l’autre », indique Fabrice Balanche.

  • La bataille de Deir Ez Zor, via Palmyre ?​
Carte de localisations de Palmyre (en rouge) et de Deir Ez Zor (en vert).
Carte de localisations de Palmyre (en rouge) et de Deir Ez Zor (en vert). - GOOGLE

Daesh a repris la ville de Palmyre (en rouge sur la carte) il y a quelques jours. Après avoir repris Alep, l’armée régulière pourrait donc concentrer ses forces sur la cité antique du désert avant de filer, à l’Est, vers Deir Ez Zor, connu pour être l’un des bastions djihadistes (en vert sur la carte).

Depuis mai 2015, environ 100.000 civils, fidèles pour la plupart à Bachar al-Assad, vivent encerclés par les djihadistes de l’Etat islamique. « Ils ne sont ravitaillés que par un pont aérien très précaire, indique Fabrice Balanche. Les positions djihadistes ne sont qu’à 200 mètres de l’aéroport. Et cela ne tiendra pas éternellement… »

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Cela permettrait en outre au président contesté de montrer à la communauté internationale qu’il ne fait pas que combattre les rebelles qui contestent son pouvoir mais aussi les djihadistes qui menacent le monde entier par leurs attentats.

  • Encercler Raqqa pour mieux la reprendre​
Carte de localisations de Palmyre (en rouge) et de Deir Ez Zor (en vert).
Carte de localisations de Palmyre (en rouge) et de Deir Ez Zor (en vert). - GOOGLE

Comme Mossoul en Irak, la ville de Raqqa est la « capitale » de Daesh en Syrie. La ville qui concentre toutes les peurs. « Après avoir repris Alep à l’Ouest et Deir Ez Zor à l’Est, l’armée régulière de Bachar al-Assad aurait l’avantage d’encercler Raqqa pour mieux l’attaquer », poursuit l’agrégé de géographie.

Une bataille symbolique. Une bataille surtout très utile si Bachar al-Assad veut redevenir un interlocuteur non contesté auprès de l’opinion internationale. Attaquer Raqqa au nord du pays permettrait au président de tenter de rapprocher son allié russe présent à l’Ouest et la coalition internationale présente à l’Est. Une volonté déjà affichée par Donald Trump mais aussi par François Fillon, favorable à un dialogue plus ouvert avec Vladimir Poutine sur le dossier syrien.

* Auteur de l’Atlas du proche-Orient arabe (Ed. Presses Universitaires)