ETATS-UNISPrésidentielle américaine: Le futur, le grand absent de la campagne

Présidentielle américaine 2016: Le futur, le grand absent de la campagne

ETATS-UNISDonald Trump et Hillary Clinton ont échangé les coups bas mais pas les idées...
Philippe Berry

Philippe Berry

«Un candidat fait campagne en poésie et gouverne en prose. » Cette vision, popularisée par le démocrate Andrew Cuomo, donne souvent lieu à des élections pleines de promesses suivies d’un mandat beaucoup plus pragmatique. Mais avec deux candidats historiquement impopulaires, flirtant avec les 60 % d’opinions défavorables, le duel Trump-Clinton a tourné au référendum sur leur personnalité. Et entre les polémiques et les attaques personnelles, malgré près de deux milliards de dollars dépensés, aucun n’a présenté un vrai projet d’avenir.

Alyssa étudie au Western Nevada College. « J’ai 20 ans et je vais voter pour la première fois. J’ai suivi les trois débats et en près de quatre heures, ils n’ont pas abordé une seule fois du défi du changement climatique. Pas une. Ce n’est un sujet majeur peut-être ? », s’emporte-t-elle. En revanche, on a entendu parler jusqu’à l’overdose des emails d’Hillary Clinton, des impôts de Trump, de ses propos vulgaires et des accusations d’attouchement et de harcèlement sexuel contre lui.

« Le sexe et les scandales font davantage d’audience »

Phillip Ardoin, qui enseigne les sciences politiques à l’université d’Appalachian State, n’a pas été surpris « par ce manque de discussions de fond ». « Avec la décentralisation du système américain (qui donne beaucoup de pouvoir à chaque Etat), une élection présidentielle est toujours plus une question de personnalité que de programme politique. » Selon lui, cette année, le niveau a été « particulièrement faible » car Donald Trump n’a fait aucune proposition détaillée. Même ses mesures phares – la construction d’un mur à la frontière et l’expulsion de 11 millions de sans-papiers – n’ont jamais dépassé l’effet d’annonce.

Les candidats ne sont pas les seuls responsables. Clinton a fait quelques discours substantiels sur l’économie et la géopolitique mais les chaînes d’informations 24/24 et les journaux les ont couverts a minima. « Le sexe et les scandales font davantage d’audience. Les médias s’en sont donnés à cœur joie avec ces candidats », accuse Ardoin.

Obama au-dessus de la mêlée

Dans la dernière ligne droite, Clinton comme Trump ont adopté la même stratégie. Dans leurs meetings, dans leurs emails à leurs troupes, un seul message : nous ne pouvons pas laisser l’autre candidat devenir président. Le républicain fait planer la menace « d’une crise constitutionnelle sans précédent » si la démocrate est élue, et même « d’une possible Troisième guerre mondiale » si elle instaure une zone d’exclusion aérienne en Syrie. Clinton, elle, demande aux électeurs d’imaginer Trump « avec le doigt sur le bouton nucléaire.

Pourtant, les défis ne manquent pas. Les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle pourraient menacer de nombreux emplois – et pas seulement les moins qualifiés – et justifier, à terme, la création d’un revenu minimum universel. Les avancées dans la génétique posent de sérieuses questions éthiques. Elon Musk et plusieurs patrons du privé mettent l’accélérateur pour la conquête de Mars. Le débat sur l’équilibre entre la protection de la vie privée et la sécurité face à la menace terroriste a besoin d’un arbitre.

Finalement, pour trouver un politique qui s’intéresse au futur, il faut se tourner vers un homme dont la carrière appartient au passé : Barack Obama. Dans sa discussion récente avec le directeur du Media Lab du MIT, Joi Ito, il montre une curiosité rare et une capacité d’analyse et de réflexion à des années-lumière du niveau de la campagne. Malheureusement, la Constitution américaine limite toujours à deux le nombre de mandats d’un président.

>> Obama discute de l’impact de la technologie sur l’emploi

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