Débat Clinton-Trump: Les cinq phrases que vous n’entendriez jamais en France
ETATS-UNIS•Donald Trump a été le principal fournisseur de phrases typiquement américaines…O. P.-V.
et auraient-ils une chance s’ils se présentaient en France ? La question est aussi passionnante que vaine, mais y ont malgré eux apporté des réponses lors du premier débat, dans la nuit de lundi à mardi, en produisant quelques petites pépites. Très Américaines, elles disent à l’évidence quelque chose des différences entre Américains et Français sur le rapport à l’argent et l’exercice du pouvoir.
Hillary Clinton à Donald Trump : « Peut-être ne veut-il pas qu’on découvre qu’il n’est pas aussi riche qu’il le prétend ? »
aLa candidate démocrate a attaqué son rival sur le fait qu’il refuse toujours de publier ses déclarations de revenus. La pique peut sembler étonnante en France où les candidats ont plutôt tendance à minimiser leur patrimoine. Donald Trump assume totalement son capital et se vexe facilement si on émet des doutes sur son étendue. Le milliardaire a ainsi répondu à Clinton que « mes revenus l’an dernier se sont élevés à 694 millions de dollars, ce qui n’est pas beaucoup compte tenu de ma fortune. Il est temps que ce pays soit dirigé par quelqu’un qui connaisse l’argent ! »
Trump à Clinton : « Cela fait de moi quelqu’un d’intelligent » (à propos de son optimisation fiscale)
Toujours sur la question de son refus de publier ses déclarations de revenus, pendant qu’Hillary Clinton déroulait son argumentaire en accusant son adversaire d’optimisation fiscale, Donald Trump a lâché au micro un « That makes me smart ». Difficile d’imaginer un candidat fortuné à l’Elysée se vanter de payer le moins d’impôts possible.
Trump à Clinton : « On appelle ça faire des affaires » (sur l’accusation d’avoir profité de la crise)
aAlors que Clinton l’accusait (encore) d’avoir gagné beaucoup d’argent en spéculant dès 2006 sur la crise financière à venir, Trump s’est justifié par un « that’s called business, by the way ». Bis repetita : dans un débat présidentiel en France, si un candidat affirmait avoir surfé sur la crise pour s’enrichir, le carton rouge serait probablement déjà sorti.
Trump à Clinton : « J’ai un tempérament de gagnant, je sais comment gagner »
aLe candidat du parti républicain l’a affirmé haut et fort : il a « un meilleur jugement » ainsi qu’un « meilleur tempérament » que sa rivale. La salle a souri à ce moment-là, mais ça n’a pas arrêté Trump, qui a assuré que par « meilleur tempérament », il fallait comprendre un « tempérament de gagnant », contrairement à Clinton (« I have a winning temperament. I know how to win. She does not. »). Clinton a notamment rétorqué qu’un « homme qui se vexe pour un tweet ne devrait pas approcher ses doigts des codes nucléaires ».
Les attaques directes sur la personnalité de l’adversaire sont plus rares en France. On peut néanmoins faire un parallèle entre la réponse de la candidate démocrate et l’un des tournants du débat entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy en 2007, quand le futur président avait lancé un sous-entendu à peine voilé à la socialiste, qui venait de « s’énerver » en plateau : « Vous vous mettez bien facilement en colère, vous sortez de vos gonds avec beaucoup de facilités, madame. Président de la République, c’est quelqu’un qui a des responsabilités lourdes, très lourdes. »
aClinton à Trump : « Donald, vous vivez dans votre propre réalité »
aHillary Clinton a passé tout ce premier débat à appeler son adversaire par son prénom, quand le candidat républicain préférait utiliser « secrétaire d’Etat Clinton » pour parler de la démocrate. Pas de formalisme côté Clinton donc, les deux candidats se connaissant par ailleurs depuis des années. En France, le summum de l’insolence sur la manière de désigner son adversaire dans un débat présidentiel a été atteint en 1988. Il est évidemment l’œuvre de François Mitterrand, insistant pour appeler Jacques Chirac « Monsieur le Premier ministre ». Mais d’ici à ce que François Hollande s’adresse à Nico, Alain ou Marine dans un débat, il y a un océan Atlantique à franchir.
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