L.C. avec AFP
En plein JO de Rio, la présidente brésilienne Dilma Rousseff se rapproche un peu plus de la sortie. Sur la sellette depuis des mois à cause d’une accusation de maquillage de comptes publics, le départ de l’ancienne protégée de Lula se confirme après que le Sénat s’est prononcé, dans la nuit de mardi à ce mercredi, en faveur d’un procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff, qui pourrait aboutir à sa destitution définitive.
Une présidente isolée
Après quelque 15 heures de débats, les sénateurs se sont déclarés à 59 voix contre 21, pour la tenue de ce procès dont l’issue peut définitivement écarter de la présidence Dilma Rousseff, suspendue depuis le mois de mai.
C’était l’avant-dernière étape d’un marathon politique entamé il y a plusieurs mois à Brasilia : après le vote d’une commission spéciale de sénateurs jeudi dernier, le Sénat s’est cette fois prononcé en séance plénière.
Pour les deux camps, l’issue ne faisait guère de doute. « La présidente est toujours plus isolée. Un isolement très grand qui s’est aggravé ces dernières semaines et qui concerne même son propre parti », avait déclaré à l’AFP le sénateur Aloysio Nunes, du parti social-démocrate PSDB, principal parti d’opposition au Parti des Travailleurs (PT, gauche) de Dilma Rousseff et un soutien du vice-président Michel Temer (PMDB, centre droit) qui assure l’intérim depuis la suspension de la présidente.
Du côté des alliés de Dilma Rousseff, la sénatrice Vanessa Grazziotin avait concédé par avance la défaite. « Ils vont y arriver avec une certaine facilité », regrettait-elle.
Un procès le 25 août
Après cette nouvelle étape, le procès de Rousseff devrait s’ouvrir le 25 août, quatre jours après la fin des Jeux Olympiques, et durer cinq jours. Il se tiendra devant le Sénat, de nouveau présidé pour l’occasion par le président du Tribunal Suprême Ricardo Lewandowski. Le vote final se fera à la majorité des deux tiers.
En cas de destitution définitive de la présidente, ce sera la fin de plus de 13 ans au pouvoir pour le Parti des Travailleurs (PT, gauche). Michel Temer, 75 ans, remplacera alors Dilma Rousseff jusqu’à la fin de son mandat, fin 2018.
Dilma Rousseff, réélue pour un second mandat de quatre ans fin 2014, est accusée d’avoir maquillé les comptes publics et d’avoir signé des décrets engageant des dépenses non prévues au budget sans avoir demandé au préalable l’accord du Parlement, une pratique à laquelle ses prédécesseurs ont largement eu recours. Elle conteste formellement avoir commis un quelconque « crime de responsabilité » et dénonce un coup d’Etat institutionnel ourdi par Michel Temer et la droite brésilienne.
Sur le plan strictement juridique, le parquet brésilien lui a donné partiellement raison en estimant que les tours de passe-passe budgétaires qui lui sont reprochés n’étaient pas constitutifs de crimes. L’accusation, déjà fragile, ne reposerait plus que sur la signature de quelques décrets litigieux. Dans les faits, il s’agit aussi et avant tout d’un procès politique intenté à une présidente fragilisée depuis l’éclatement de sa majorité parlementaire au plus fort de la crise politique brésilienne au printemps dernier.
La pire crise institutionnelle depuis des décennies
Entre les nouvelles médailles olympiques de Michael Phelps, l’entrée en piste d’Usain Bolt et les attentes autour de la Seleção de Neymar dans le tournoi olympique, les Brésiliens suivent le dernier acte de cette telenovela politique qui a plongé le Brésil dans sa pire crise institutionnelle depuis des décennies. Ce géant d’Amérique latine s’achemine vers sa plus forte récession en un siècle, au milieu du gigantesque scandale Petrobras.