Attentat-suicide à Ansbach: «Même ici, on n'est plus en sécurité»
REPORTAGE•Le réfugié syrien, qui a prêté allégeance à Daesh, voulait s’en prendre à un festival de musique pop en plein air, auquel participaient plus de 2.500 personnes…Hakima Bounemoura
A Ansbach, petite ville du sud de l’Allemagne, c’est la stupeur. Dimanche soir, alors que le festival de musique de cette cité bavaroise battait son plein, une bombe a explosé à seulement quelques mètres de l’entrée de la fête. Un jeune réfugié syrien, psychologiquement instable et qui s’est revendiqué de Daesh, s’est fait exploser, blessant quinze personnes dont quatre grièvement.
Près de 24 heures après le drame, toute la zone qui entoure les lieux où s’est produit l’incident était encore bouclée par les forces de police. De chaque côté de la place principale, des agents bloquaient l’entrée. « Les enquêteurs sont encore sur place », nous a confié l’un des policiers. De nombreux Bavarois, toutes générations confondues, avaient toutefois tenu à venir se recueillir sur les lieux du drame.
« Une détonation assourdissante »
Dimanche soir, la détonation a été entendue par tous les habitants du quartier. Maria, qui réside à quelques dizaines de mètres, juste derrière la boutique de prêt-à-porter Wöhrl, est toujours sous le choc. « On a entendu un bruit assourdissant. Et quelques minutes après, des sirènes d’ambulance et de police », explique cette riveraine, précisant que le quartier avait été bouclé en quelques minutes.
« Le dispositif de sécurité s’est rapidement mis en place » nous a en effet expliqué la maire d’Ansbach, juste après sa conférence de presse. « Il y avait deux entrées et quatre sorties (festival), tout le monde a pu être évacué en cinq minutes », s’est félicité Karla Seidel.
La politique d’accueil des réfugiés, « c’est un échec »Jens, un autre riverain sorti acheter son journal à la Papeterie Buröhaussommer avec son petit-fils, est lui, en colère. « On nous dit, aux informations, qu’il était surtout déséquilibré. Mais c’est un réfugié syrien, un terroriste qui devait normalement être expulsé, ça n’est pas normal ! », s’insurge le grand-père, qui remet ouvertement en cause la politique d’accueil des réfugiés d’Angela Merkel. « C’est un échec. Même ici, on n’est plus en sécurité », déplore-t-il. Un sentiment que partagent beaucoup d’habitants de cette bourgade rurale, même si certains ne le disent qu’à demi-mot.Après l’attentat-suicide, la plupart des commerces de cette paisible ville de Bavière ont baissé leurs rideaux en signe de deuil, et la vie tourne désormais au ralenti à Ansbach. « La fête est finie », ont confié plusieurs habitants, qui assistaient au festival de musique pris pour cible. « Maintenant, c’est l’insécurité qui règne ».