REPORTAGEFusillade à Munich: «On était en état de siège»

Fusillade à Munich: «On était en état de siège»

REPORTAGEAprès l’attaque qui a fait neuf morts et une dizaine de blessés, les Munichois sont venus se recueillir sur les lieux du drame…
Des Munichois rendent hommage aux victimes au lendemain de la fusillade qui a fait au moins 9 morts dans le centre commercial Olympia, le 23 juillet 2016 à Munich.
Des Munichois rendent hommage aux victimes au lendemain de la fusillade qui a fait au moins 9 morts dans le centre commercial Olympia, le 23 juillet 2016 à Munich. - Hakima BOUNEMOURA/20 Minutes
Hakima Bounemoura

Hakima Bounemoura

De notre envoyée spéciale à Munich (Allemagne),

Munich est toujours sous le choc ce samedi. Cette paisible ville de Bavière, plutôt cossue, a vécu vendredi soir une nuit d’angoisse rythmée par les sirènes d’ambulances, les hélicoptères et les véhicules de police. Durant plusieurs heures, toute la ville a été plongée dans la terreur. Vingt-quatre heures plus tard, les Munichois sont encore un peu groggy. Certains ont toujours du mal à réaliser ce qu’il s’est passé chez eux.

« On était en état de siège ! », lâche encore incrédule Thomas, un jeune étudiant croisé à Marienplatz, l’une des principales places de Munich. « J’étais en train de boire un verre avec des amis quand on a reçu l’alerte sur nos portables », raconte le jeune homme qui est resté bloqué une bonne partie de la nuit sans pouvoir rentrer chez lui. « Mon sang se glaçait au fur et à mesure que le bilan des morts grimpait. On est vraiment tous sonnés. On ne comprend pas ».

Voiture de police à Munich le 23 juillet 2016 au lendemain de la fusillade qui a fait au moins 9 morts dans le centre commercial Olympia.
Voiture de police à Munich le 23 juillet 2016 au lendemain de la fusillade qui a fait au moins 9 morts dans le centre commercial Olympia. - Hakima BOUNEMOURA/20 Minutes

« On a tout de suite pensé à Nice »

Les principales artères du centre-ville, habituellement noires de monde, étaient désertes ce samedi après-midi. Beaucoup de Munichois ont préféré aller se recueillir aux abords de l’Olympia Einkaufszentrum.

En famille, seuls ou entre amis, des centaines de Munichois ont défilé tout au long de la journée aux abords du centre commercial pour rendre hommage aux victimes. Bougies, petits mots ou fleurs ont été déposés devant l’entrée du métro bouclée par les forces de police, ou juste devant le McDonalds, là même où le tireur a commencé à ouvrir le feu.

Hommages aux victimes le 23 juillet 2016 à Munich devant le centre commercial Olympia, où a éclaté une fusillade meurtrière.
Hommages aux victimes le 23 juillet 2016 à Munich devant le centre commercial Olympia, où a éclaté une fusillade meurtrière. - Hakima BOUNEMOURA/20 Minutes

Martha, une Munichoise de 47 ans, a tenu à venir se recueillir avec sa fille. Vendredi soir, elle est restée calfeutrée chez elle et a suivi les événements devant sa télé. « On a tout de suite pensé à ce qui s’était passé à Nice », raconte-t-elle. « C’est un vrai carnage, on est plus sûr nulle part ». Juste à côté, un groupe d’adolescents, en joggings et casquettes, se recueillent aussi. « Ce sont tous les Munichois qui ont été attaqués », lance l’un d’eux.

Les souvenirs de la prise d’otage de 1972

Des Munichois réunis le 23 juillet 2016 devant le centre commercial Olympia, où a éclaté une fusillade meurtrière.
Des Munichois réunis le 23 juillet 2016 devant le centre commercial Olympia, où a éclaté une fusillade meurtrière.  - Hakima BOUNEMOURA/20 Minutes

Toutes les générations sont venues se recueillir. Et pour certains, cette fusillade rappelle de tristes souvenirs. « Pour les plus anciens, comme nous, tout ça a une signification particulière. On a tout de suite pensé à 1972 », explique Karl, un retraité de 65 ans parfaitement francophone, venu se recueillir sur les lieux avec son petit-fils. L’Olympia Einkaufszentrum ne se situe en effet qu’à quelques pâtés de maison du lieu où un commando palestinien avait pris en otage des athlètes israéliens pendant les Jeux olympiques de 1972, tuant onze d’entre eux. D’ailleurs, ce sont les forces spéciales d’élites GSG9 créées à la suite de cette prise d’otage qui sont intervenues vendredi soir aux abords du centre commercial. Tout un symbole.