Turquie: Erdogan instaure l'état d'urgence et prie Ayrault de «se mêler de ses affaires»
TENTATIVE DE PUTSCH•Après le coup d'Etat manqué, le président turc a intensifié la purge qui touche 55 000 personnes, notamment dans l’enseignement, la police, la justice, l’armée et les médias...20 Minutes avec AFP
Recep Tayyip Erdogan a les choses bien en main et il n’entend pas être contesté sur ce point. Après l’échec du coup d’Etat militaire du 15 juillet, le président turc, qui est revenu à Ankara, a instauré mercredi l’état d’urgence pour trois mois dans son pays. Il a aussi intensifié la purge massive dans l’appareil étatique.
Arrestations, suspensions, limogeages… Le coup de balai touche 55 000 personnes, notamment dans l’enseignement, la police, la justice, l’armée et les médias. Plus de 9 000 suspects ont été placés en garde à vue ou arrêtés, sans que l’on sache s’ils sont comptabilisés parmi les quelque 55 000 personnes touchées par les purges. Selon l’agence de presse progouvernementale Anadolu, 99 généraux et amiraux ont aussi été placés en détention provisoire en attente de leur procès.
« Si Ayrault veut une leçon de démocratie, nous pouvons aisément lui donner »
Cette vigoureuse riposte suscite l’inquiétude à l’étranger sans que cela n’ébranle la détermination du chef de l’Etat turc. Il a ainsi prié le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault de « se mêler de ses affaires » en réponse à ses critiques sur les purges. « S’il veut une leçon de démocratie, nous pouvons aisément lui donner », a-t-il poursuivi.
S’il s’est engagé à ne faire « aucun compromis » sur la démocratie, Recep Tayyip Erdogan a annoncé dans une allocution dans la soirée « l’instauration de l’état d’urgence pour une durée de trois mois ».
Restriction du droit de manifester ou de la liberté de circulation
Ce dispositif permet notamment de décréter le couvre-feu, de restreindre le droit de manifester ou la liberté de circulation dans certains secteurs identifiés.
Une mesure « nécessaire pour éradiquer rapidement tous les éléments de l’organisation terroriste impliquée dans la tentative de coup d’Etat », s’est justifié le président turc.
La tentative de prise du pouvoir par des militaires, dans la nuit de vendredi à samedi, a fait plus de 300 morts et semé le chaos, notamment à Ankara, où le parlement et le siège de la police ont été bombardés par les mutins.